« A quoi cela sert-il de réduire notre consommation d’énergie ? Pourquoi devrais-je moins prendre ma voiture ? Si Nantes agit seule dans la transition énergétique, c’est une goutte d’eau dans l’océan. »
Ces interrogations, je les entends, vous les entendez et elles sont bien compréhensibles. Le changement climatique est un phénomène mondial, aux ramifications complexes. La raréfaction des ressources énergétiques est un processus dont nous héritons autant que nous la provoquons. Ces questions sont complexes, techniques et on a souvent le sentiment de n’avoir prise que sur une petite partie des enjeux.
Je crois au contraire que l’on peut faire beaucoup, avec et pour les citoyens, les acteurs du territoire, parce que la question de l’énergie est au cœur de nos vies et de nos villes. On peut le faire et on doit le faire.
Les villes émettent aujourd’hui 80 % des gaz à effet de serre. Elles sont donc aussi les premiers espaces de solutions et d’expérimentations. C’est ma conviction profonde, celle qui a présidé à l’organisation du grande débat transition énergétique tout au long de l’année 2017. La commission citoyenne a rendu son rapport en septembre et nous avons travaillé depuis à l’élaboration d’une feuille de route partagée rendue public aujourd’hui. Je crois que nous sommes à l’heure de faire des choix offensifs pour l’avenir de nos villes, l’avenir de nos territoires. Faire des choix, c’est aussi assumer, en responsabilité, de rompre avec certains comportements, certaines habitudes.
C’est un choix politique, car nous croyons que mettre la métropole nantaise en transition est bénéfique à tous. C’est l’ambition de notre feuille de route. Une ambition forte, celle d’une transition à la nantaise, qui fasse de Nantes une métropole de référence, une métropole sobre et durable. Une transition qui profite à tous les habitant·e·s, qui prenne appui sur nos ressources locales et qui mette tous les citoyens en mouvement, en fédérant leurs initiatives.
Ce sont les trois piliers de notre ambition pour les 15 ans à venir.
D’abord une transition énergétique au bénéfice de tous les habitants. Nous ne voulons pas être une ville-vitrine, nous voulons que chacune et chacun puisse gagner en confort et en qualité sur les questions d’énergie. C’est pour cela que nous mettons au cœur de notre feuille de route le logement et la mobilité. Quand le logement est une passoire énergétique, c’est un coût énorme pour les foyers concernés et une qualité de vie dégradée. Mais cela représente aussi coût environnemental et économique pour nous tous, collectivement, car nous produisons de l’énergie qui n’atteint pas sa cible. Nous voulons faire de la métropole un territoire zéro passoire énergétique, nous voulons lutter contre la précarité énergétique et nous y mettrons les moyens financiers.
Prendre sa voiture seul pour faire quelques kilomètres en ville, c’est souvent un gâchis de temps et toujours un gâchis d’énergie et d’argent. Nous voulons une métropole des mobilités apaisées, une métropole qui donne sa place aux mobilités du futur en développant les transports en commun, l’usage du vélo et le covoiturage en laissant la possibilité, lorsque l’on n’a pas d’autres choix, d’utiliser sa voiture sereinement.
Faire la transition énergétique au bénéfice de tous, c’est d’abord et avant tout améliorer la qualité de vie.
Cette transition, elle doit se faire en valorisant 100 % des ressources renouvelables locales. Dans une logique d’alliance des territoires. Jouer sur les complémentarités de besoins, de ressources entres les différents territoires de la Métropole et au-delà, c’est rappeler combien nous sommes interdépendants. La pollution, les changement climatique ne connaissent pas les frontières. Nous devons aussi inventer des solutions qui les dépassent. Dans notre production d’énergie, en développant les énergies locales et renouvelables pour qu’elles atteignent 50 % de notre production d’ici 2050. Dans notre alimentation en privilégiant une agriculture durable et locale, à travers notre projet alimentaire de territoire. Dans notre gestion des déchets en développant l’économie circulaire. Nous avons des ressources, nous avons les talents pour les mettre en valeur, pour innover et inventer de nouvelles solutions.
C’est d’ailleurs le troisième pilier de notre feuille de route : faire une transition 100 % citoyenne, qui s’appuie sur les acteurs pour expérimenter, pour orienter le changement et non le subir. Dans cet « âge des transitions », la révolution numérique nous a fait redécouvrir une règle immuable du changement : on apprend en faisant, en faisant des erreurs notamment. Et on améliore à chaque fois, en discutant, en essayant. C’est cette nouvelle gouvernance que nous voulons mettre en œuvre. Il n’y a pas de solutions miracle, de modèles réplicables à l’infini pour faire une « bonne » transition énergétique. Il y a ce que nous avons envie de construire collectivement. Et la façon dont nous avons envie de le construire. Ici à Nantes, le succès du GDTE, avec ses 53 000 participants et ses 6 communautés d’expérimentations a montré que les 24 communes de la Métropole, les acteurs économiques, associatifs, les institutions et les citoyens avaient des idées et envie de travailler ensemble. Nous voulons poursuivre dans cette dynamique pour accroître le pouvoir d’agir des habitant·e·s.
La transition énergétique, c’est nous, c’est la somme de chacune de nos actions individuelles mais c’est aussi les initiatives collectives que nous déployons, que nous soutenons, que nous valorisons.
On n’éteindra pas l’incendie avec des gouttes d’eau, aussi nombreuses soient-elles. On peut par contre le maîtriser pour mieux le combattre, changer d’échelle et être plus résilients. C’est tout l’enjeu de notre action, c’est toute notre responsabilité d’élus.