41ème Congrès de la Mutualité Française
Discours d’ouverture
Jeudi 11 juin 2015 – 9 h – Parc des expositions de la Beaujoire
Monsieur le Vice-président du Conseil Régional,
Madame la Vice-présidente du Conseil Départemental,
Mesdames, Messieurs les élu-e-s,
Monsieur le Président de la Mutualité Française (et Monsieur le Président de la Mutualité Française Pays de la Loire),
Mesdames, Messieurs les délégués de la Mutualité Française,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de pouvoir accueillir à Nantes ce 41ème congrès de la Mutualité Française.
Nantes et la Mutualité Française ont une longue histoire commune. En 1904, Nantes accueillait le 8ème Congrès de la Mutualité, le premier congrès de la nouvelle Fédération nationale de la Mutualité Française et en 1960, Nantes et La Baule accueillaient le 23ème Congrès, sur le thème du « perfectionnement de la protection sociale ».
Plus de 50 ans après, il était donc important pour notre ville d’accueillir à nouveau votre congrès. A Nantes, les valeurs de jeu collectif et de solidarité sont au cœur du projet nantais. Ce sont les valeurs portées par les entreprises mutualistes. Les mutuelles qui toutes ces années ont su se transformer en cultivant leurs valeurs fondatrices.
Les mutuelles de santé appartiennent à leurs adhérents, quel que soit leur origine, leur richesse ou leur âge.
Un homme, une femme égalent une voix. C’est le principe démocratique qui préside aux décisions des mutuelles. Il constitue une spécificité et quelque chose de précieux qui évidemment donne du sens à votre action et permet de garder le cap.
La gouvernance démocratique des mutuelles est mise au service de l’humain.
Ce modèle permet aux adhérents des mutuelles de payer une cotisation sans considération de leur condition ou du risque maladie à couvrir. La mutualisation des moyens permet de garantir ce principe essentiel : l’universalité d’accès.
Au-delà de l’accès à la santé lui-même, les valeurs que vous portez irriguent aussi un secteur économique particulièrement important et solide de notre territoire : celui de l’économie sociale et solidaire.
Dans la métropole nantaise, l’économie sociale et solidaire représente plus de 16 % de l’emploi salarié privé, soit 3 points de plus que la moyenne nationale ! Près de 36 000 salariés y travaillent, dont 2500 salariés dans les entreprises mutualistes. L’économie sociale et solidaire est un élément de stabilité essentiel pour l’économie et la vie sociale dans notre Région et dans la métropole et il représente des domaines d’activités et des services d’utilité sociale essentiels pour le territoire.
Ce 41ème congrès est une opportunité pour mettre en valeur l’importance des entreprises mutualistes dans notre système santé, au plan local comme au plan national.
La santé est notre bien le plus intime et le plus précieux. C’est aussi un enjeu pour la société dans son ensemble et notre système de protection sociale est aujourd’hui à la croisée des chemins.
Des décisions importantes ont récemment été prises par le gouvernement, comme l’obligation pour les employeurs de doter leurs salariés d’une couverture santé complémentaire. La Loi de modernisation de notre système de santé est un acte fort, avec la généralisation du tiers-payant bien sûr, qui constitue un progrès considérable dans la lutte contre le renoncement aux soins. Ce sont des avancées réelles en faveur de l’égalité d’accès aux soins pour tous.
Je sais que vous exprimez des attentes sur un certain nombre de sujets comme la question de l’articulation entre l’assurance maladie et les complémentaires, notamment dans la mise en œuvre du tiers-payant ou encore la question du reste à charge pour les patients. Je salue à ce sujet l’engagement du Président de la Mutualité Française, Monsieur Caniard (et du Vice-Président Stéphane Junique).
Si évidemment l’action nationale est déterminante, je crois aussi que nous pouvons et que nous devons agir au niveau local.
La santé dépend de la qualité de l’environnement, de l’air que l’on respire, de l’eau que l’on boit ou de ce que l’on mange, des conditions de vie, je pense évidemment à l’habitat. Il y a donc des interactions fortes entre urbanisme, éducation par exemple, et santé publique.
Autant de leviers sur lesquels les villes, les territoires au sens large, peuvent agir par leurs choix. Je crois profondément que les territoires jouent un rôle fondamental dans la santé des Françaises et Français.
Je pense particulièrement à la question centrale du vieillissement de la population. Il est une chance.
La force d’engagement des jeunes retraités peut être un formidable moteur pour nos villes et nos campagnes ; à condition évidemment que nous sachions prendre en charge et accompagner avec dignité la grande dépendance qui elle aussi se développe.
La réduction des inégalités en matière de santé est une condition indispensable de notre développement futur. C’est la raison pour laquelle la santé est au cœur du projet que nous mettons en œuvre ici à Nantes avec mon équipe.
A Nantes, nous avons une longue histoire en matière de santé, avec une Mission santé publique au sein des services municipaux et un service de santé scolaire. Je salue Marie-Annick Benâtre, adjointe en charge de la santé publique qui pilote cette politique au sein de mon équipe.
Nantes avec l’État s’est engagée pour garder l’hôpital au cœur de la ville et de la métropole pour qu’il reste accessible à tous. Cet investissement est absolument fondamental pour assurer dans l’avenir un grand service public de la santé performant pour tous. C’est cet hôpital du 21ème siècle que nous voulons construire ici à Nantes, pour un meilleur accueil des patients et de meilleures conditions de travail pour les salariés. C’est aussi un hôpital ouvert sur la ville autour duquel se développera un quartier de la santé réunissant les activités de recherche, d’enseignement et les activités économiques autour de la santé et des biotechnologies. Il aura un rôle moteur de l’offre de soin sur le territoire.
Mais ce projet se pense dans un fonctionnement en réseau un équilibré du territoire, en complémentarité avec les cliniques. Nous avons la chance à Nantes d’avoir une grande clinique mutualiste, la clinique Jules Verne. L’accès aux soins de proximité est tout aussi fondamental. En cela, les centres de soins de la Mutualité Française représentent également des points d’entrée importants dans un parcours de soin.
Aujourd’hui 5% de la population n’est pas protégée par une complémentaire. Cela peut paraître faible, cela reste trop, quand l’accès à une couverture maladie complémentaire constitue une condition de l’accès aux soins, particulièrement aux soins dentaires et optiques. 11% des personnes les plus démunies n’ont pas de complémentaire-santé. Ce sont donc les plus fragiles qui sont aussi les moins bien protégés.
La ville de Nantes a construit un partenariat avec plusieurs mutuelles pour faciliter l’accès à la complémentaire. En 2014, ce sont 205 bénéficiaires, principalement des personnes retraitées vivant seules, qui ont ainsi pu obtenir une aide au paiement de leur complémentaire.
Les conséquences des inégalités face à la santé entre les habitants, nous les constatons chaque jour sur le terrain, et les disparités s’observent dès la grande section de maternelle. C’est pourquoi nous mettons en place un certain nombre d’actions d’éducation à la santé et d’information à destination des parents et je me suis engagée à ce que chaque enfant des écoles publiques nantaises bénéficie d’un bilan de santé durant sa scolarité en élémentaire.
Les inégalités résultent aussi de l’insuffisante présence de professionnels de santé sur certains territoires. La désertification ne concerne pas seulement le monde rural, elle touche aussi les quartiers populaires et nous avons un vrai enjeu à l’égard des habitants de ces quartiers à maintenir une offre de soin de premier recours en proximité.
C’est pourquoi, nous nous sommes engagés à accompagner la création de trois maisons de santé pluri-professionnelles dans ce mandat.
Je suis également très attentive à la question de la santé mentale. Nous avons installé avec l’ARS, l’hôpital et les professionnels de santé, un Conseil local de santé mentale. Dans quelques semaines, nous sera remise une étude sur la santé mentale des nantais, c’est une question qui me semble particulièrement importante et qui n’est pas aujourd’hui suffisamment traitée.
Nous avons établi un Contrat local de Santé en partenariat avec l’Etat et l’ARS, c’est un instrument intéressant pour définir des priorités communes pour Nantes et Nantes Métropole. Récemment, nous lui avons donné deux nouveaux axes qui traduisent bien nos priorités : la santé urbaine environnementale et le bien-vieillir des personnes âgées à domicile.
Comme vous le voyez, notre projet de santé pour le territoire nous le construisons aujourd’hui en lien avec l’État et les acteurs de la santé. Nous le construisons aussi avec les autres collectivités territoriales, la Région, le Département qui, chacune dans leurs compétences, joue un rôle tout à la fois dans l’accompagnement de chacune et de chacun et dans un aménagement dans l’équilibre du territoire.
Les représentants de ces deux collectivités s’exprimeront juste après moi mais je veux souligner combien, ici dans notre territoire, nous avons la volonté commune que se développe des filières d’excellence qui naturellement trouvent un terreau favorable au sein de la métropole tout en veillant à ce que nos actions conjointes permettent de ne pas créer de fracture dans l’accès aux soins entre les quartiers, entre les villes et les campagnes.
A cet égard, les entreprises mutualistes présentes dans toute notre région sont des acteurs indispensables.
Il est donc essentiel que le mouvement mutualiste soit conforté pour relever de nouveaux défis, ceux que vous avez inscrits au programme de votre congrès :
inventer de nouvelles solutions pour diminuer le reste à charge, et favoriser l’accès aux soins. L’innovation en matière de santé avec le potentiel considérable offert par les technologies numériques et évidemment l’évolution du modèle mutualiste dans un contexte en pleine mutation.
Dans le contexte de crise économique et sociale, votre action au quotidien est indispensable.
Mais au-delà, je crois que la crise que nous traversons c’est aussi celle d’un monde en mutation profonde, d’un monde pour lequel nous devons collectivement inventer de nouvelles réponses tout en gardant le cap, tout en étant solides sur ces valeurs qui sont les vôtres.
Je tiens à vous assurer que la ville de Nantes et Nantes Métropole sont à votre écoute pour partager et construire des solutions pour la santé des habitants aujourd’hui et demain.
Je suis convaincue que la santé de chacun se gagne à plusieurs !
Je vous souhaite un très bon congrès à Nantes !