Intervention prononcée lors du Conseil municipal du 3 février 2017
Le Conseil municipal prend le temps de façon régulière, de débattre d’un sujet de premier plan pour Nantes. J’ai souhaité avec la majorité municipale que celui d’aujourd’hui soit consacré aux Solidarités dans notre ville. La solidarité est une valeur fondamentale, pour que chacun puisse choisir sa vie, retrouver le pouvoir d’agir sur son destin. C’est cela la solidarité.
La solidarité constitue le lien invisible et indispensable entre tous les habitants, ce qui fait que nous vivons ensemble, les uns avec les autres, et non, les uns à côté des autres. Elle nous commande d’agir face aux inégalités, à toutes les inégalités : inégalités de revenus, inégalités sociales, ou encore inégalités face au logement. Face aussi à toutes les formes de discriminations.
Avec mon équipe, nous agissons pour réduire ces inégalités et inventer des solutions.
Avec l’objectif que chacune et chacun ait pleinement sa place à Nantes, quelle que soit son âge, son sexe, son origine, sa situation sociale et financière.
L’ensemble de de notre action est guidée par le fil rouge de l’égalité pour faire de Nantes une ville de l’égalité réelle.
C’est le sens de notre engagement fort pour le logement et en particulier pour le logement social. A l’échelle métropolitaine 6000 logements dont 2000 logements sociaux. Pour permettre à tous d’avoir un logement. C’est le sens aussi de notre politique volontariste en matière de transports publics. La mobilité pour tous, c’est absolument fondamental. Un exemple : je pense en particulier à l’achat de nouveau matériel que j’ai annoncé il y a quelques jours, pour rendre notre service de transport 100 % accessible aux personnes à mobilité réduite. C’est le sens enfin de notre mobilisation pour l’emploi, notre politique en faveur de l’attractivité, le soutien et l’accompagnement des entreprises, l’insertion des jeunes, la feuille de route ESS pour ne citer que ces exemples.
Cet engagement global, la dynamique économique de la métropole se traduisent par une réalité. 78 % des actifs habitants la métropole travaillent dans la métropole. C’est à égalité avec Grenoble le taux le plus élevé des grandes villes de France. Pour repère c’est en bas de classement 55 % à Lyon, 57 % à Marseille.
L’égalité, c’est aussi l’égalité partout sur le territoire. C’est pour cela que nous avons ce grand projet pour un nouveau cœur métropolitain qui conforte notre centre-ville. Mais aussi des grands projets comme à Bellevue ou à Nantes nord. Nous investissons dans tous les quartiers. Pour la qualité de vie partout et pour tous, nous faisons le choix de déployer une offre publique au plus près des citoyennes et citoyens : résidences pour les personnes âgées, crèches municipales, maisons de quartier, pôles associatifs ou des équipements sportifs. Dans ce conseil, nous prenons des décisions concrètes comme la halle de Tennis au complexe de la Durantière et ou la réfection du terrain gazonné synthétique pour le Métallo Sport Chantenaysien.
Et puis l’égalité, vous le savez j’y tiens beaucoup, c’est l’éducation, un des premiers budgets de la Ville.
L’égalité, elle passe aussi par la sécurité. Vous connaissez mon approche : prévention, médiation et quand c’est nécessaire, répression. Depuis avant-hier est ouverte la Maison de la Tranquillité Publique et l’îlotage de proximité dans les quartiers se déploie. Et en matière de prévention et de médiation en milieu scolaire nous allons par exemple lors de ce conseil délibérer sur la création d’un nouveau dispositif « Médiateur à l’école » qui vise à faire baisser le harcèlement et à renforcer les liens entre l’école et les familles.
L’action pour l’égalité c’est bien sûr aussi soutenir toutes les associations qui œuvrent au quotidien sur le terrain. Leur rôle est absolument fondamental. Sans elles rien n’est possible. Notre soutien se traduit dans ce conseil par les subventions votées à 39 associations agissant pour le handicap, la lutte contre les discriminations, l’égalité femmes-hommes, pour un montant de plus de 325 000 euros.
L’ensemble de ces actions, cette mobilisation des acteurs produit des résultats : nous sommes la métropole la moins inégalitaire de France.
C’est à Nantes que l’écart de revenus entre les 10 % des plus aisés et les 10 % les plus modestes est le plus faible. Ce n’est pas le fruit du hasard.
Est-ce que pour autant il n’y a pas de difficulté ? Bien sûr que non. Dans la métropole la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté est de 11 %. C’est le plus faible de France, mais c’est évidemment trop.
Ce n’est pas notre philosophie que de vouloir aller vite, aller loin, mais y aller tout seul. A Nantes, on défriche de nouveaux horizons pour que toutes et tous les atteignent. Accompagner celles et ceux qui en ont besoin, construire les réponses nouvelles d’une solidarité adaptée à un monde où les attentes ont changé, c’est au coeur de nos engagements.
Avec les services municipaux et avec les acteurs du territoire, nous avons une attention constante à celles et ceux qui sont les plus vulnérables, aux plus démunis, à ceux qui traverse une période de fragilité.
Nantes fait preuve en cela d’un volontarisme dont toutes les villes ne peuvent pas se prévaloir. Et nous allons au-delà des compétences obligatoires d’une commune pour répondre aux besoins de la population en la matière, parce que la vie d’un habitant ne se découpe pas en compétences, particulièrement quand on est face à l’urgence sociale.
Nantes dispose ainsi de services publics municipaux destinés aux personnes qui traversent une période de précarité, afin que chacune et chacun puisse accéder à ce qu’il y a de plus quotidien pour la plupart d’entre nous, mais qui devient compliqué quand on n’a plus de chez-soi : se laver, se reposer, lire le journal ou consulter sa messagerie. Je pense bien sûr aux Bains Douches et à l’accueil de jour Pierre Landais, qui sont des services universels, ouverts à tous, sans condition.
La Ville soutient également par l’intermédiaire de son Centre communal d’action sociale, de nombreuses associations intervenant auprès des plus démunis, je pense aux associations de l’aide alimentaire comme le Secours populaire, la Croix Rouge, le Secours catholique, mais aussi à toutes les associations de l’urgence sociale comme Les Eaux Vives, L’Écoute de la rue, l’ANEF FERRER ou Brin de causette. Je ne peux pas les citer toutes, elles sont nombreuses. Et je tiens ici à les saluer et à les remercier de leur engagement constant. Je salue également l’ensemble des personnels du CCAS qui font preuve d’un grand professionnalisme et de beaucoup d’engagement dans leurs missions.
Leur engagement il est aussi au service des personnes âgées qui pour certaines sont en situation d’isolement ou de dépendance. Nantes doit pouvoir se conjuguer à tous les âges de la vie. C’est un enjeu de solidarité fort, car le risque c’est que des inégalités s’installent entre ceux qui ont des ressources financières, familiales, et ceux qui se trouvent isolés et avec de faibles moyens. C’est pour cela par exemple que nous continuons à construire des EHPAD, ou que j’ai récemment inauguré l’EHPAD Fonteny rénové et réaménagé. Pour permettre à tous, y compris ceux qui ont des revenus modestes, de pouvoir être accueillis dans des établissements adaptés. C’est pour cela que nous soutenons les aidants.
Notre attention aux personnes les plus vulnérables est aussi tournée vers ces femmes et ces hommes qui arrivent à Nantes après un long périple de migration. Les services de domiciliation, d’espace numérique, de bains-douches, d’accueil de jour, ou encore les écoles pour les enfants, leur sont ouverts et accessibles. Nous avons doublé la capacité d’accueil du Centre Nantais d’hébergement des réfugiés, et nous avons obtenu la création de 22 places supplémentaires.
Et nous allons au-delà, puisque nous allons contribuer à créer des places d’hébergement temporaires, avec l’engagement que j’ai pris de mettre à disposition le site de l’ancien Presbytère de Doulon qu’il soit au service d’un projet social.
En matière de solidarité, nous devons toujours rester offensifs. Nous devons sans cesse innover pour inventer de nouvelles solidarités. Parce que la société bouge, le monde bouge et parce que nous avons devant nous ces grandes transitions écologique, numérique. Nous devons en faire une opportunité pour tous et non pas une source de nouvelle fracture.
La transition numérique est un formidable atout, par les innovations qu’elle apporte. A condition d’en permettre l’accès à chacun. L’équipement ne fait pas tout. L’étude des besoins sociaux que nous avons fait sur le numérique indique un fort besoin d’accompagnement, d’éducation et de médiation autour des usages numériques.
Cela passe par le déploiement d’une Grande école du numérique sur notre territoire, mais aussi par une offre de formation tout au long de la vie. Cette offre est en matière de formation, médiation et actions numériques est foisonnante et son recensement dans un guide va être une première étape pour en faciliter l’accès au plus grand nombre.
Et bien sûr en matière de numérique, il faut également veiller aux situations de précarité. Le coffre-fort numérique facilite les démarches administratives des personnes sans domicile fixe en permettant le stockage de leurs papiers et documents personnels. Lutter contre la précarité numérique, cela passe aussi par un accès gratuit à des postes pour consulter sa messagerie ou se connecter aux réseaux sociaux, grâce à l’espace numérique ouvert dans les locaux du CCAS.
Construire une ville solidaire face aux transitions écologiques est également un enjeu essentiel. Cela concerne chacune et chacun dans son quotidien. C’est notamment la question énergétique.
Face à la nécessité de réduire la consommation d’énergies fossiles, faire des économies d’énergie devient incontournable. C’est la raison pour laquelle je me félicite que Nantes puisse s’appuyer sur un Eco-appart ‘ dont le succès montre tout l’intérêt. Le développement de réseaux de chaleur collectif et la construction de logements sociaux performants énergétiquement et la réhabilitation du parc existant sont aussi des éléments essentiels tant pour les effets sur l’environnement que sur la facture des familles.
Innover, explorer de nouveaux enjeux, c’est aussi par exemple s’intéresser à la vie la nuit. Quand 1 Nantais sur 5 travaille la nuit, c’est une question urbaine essentielle. Concrètement, nous allons lancer d’ici fin 2017 avec les acteurs du monde de la solidarité et de la santé qui agissent déjà sur le sujet, la réalisation d’un diagnostic des publics vulnérables que la nuit peut mettre en danger.
Enfin, innover pour inventer les nouvelles solidarités, c’est également renforcer le pouvoir d’agir des Nantaises et des Nantais. Les exemples sont nombreux et variés. Ce sont notamment, ces jeunes de Bellevue-Chantenay et Hauts Pavés St Felix de l’association Jeunesse en actions qui offrent chaque samedi soir un repas chaud aux sans-abris sous les halles de Talensac. Je les ai rencontrés à la Nuit de la Fraternité et ils m’ont dit à quel point le soutien de la Ville était précieux. La Ville a permis à cette initiative qui était d’abord un élan du cœur d’un petit groupe de jeunes au service d’autres habitants, de perdurer. Notre rôle est, je crois, à la fois de soutenir leur envie d’agir et en même temps de permettre que des habitants s’adressent à d’autres habitants sans médiation, sans filtre institutionnel.
Je pourrais citer également de nombreux autres exemples, pour illustrer ces nouvelles solidarités, comme celles des Boîtes utiles, qui sont une nouvelle façon de donner, ou encore la démarche « Tout en attente » qui permet d’offrir dans les commerces participants des petits dons du quotidien à celui ou celle qui se trouve en difficulté. Mais je pense aussi à cette action de l’AFEV qui propose à des étudiants des appartements à partager en échange d’une participation dans l’animation de la vie sociale de l’immeuble et du quartier.
Le pouvoir d’agir, c’est aussi ce que nous faisons avec les personnes accueillies.
Sur le nouveau pôle Pierre Landais- Bains douches, nous élaborons le futur équipement avec un groupe de volontaires. Ils travaillent avec les architectes pour définir leurs besoins en s’appuyant sur leur expertise d’usage avec l’idée d’en faire un lieu qui leur appartienne et puisse répondre à leur désir, être des citoyens dans la ville, à part entière.
A la croisée de ces enjeux liés aux transitions et à l’innovation sociale, pour redonner toute leur place aux personnes fragilisées par la vie, nous soutenons le très beau projet des 5 Ponts. Un projet dont vous nous rappellerez Monsieur le Président, l’origine et le sens tout à l’heure et dont j’ai la conviction qu’il porte en lui une forte dose d’innovation sociale. Cette innovation est dans l’invention du projet, ouvert au quartier, ouvert aux habitants, ouverts aux influences au service de l’inclusion des personnes accueillies. Vous êtes là pour nous en parler, mais je finirais mon propos en disant qu’il me semble porter en lui les germes de ce que nous devons inventer pour demain, pour recréer des liens avec celles et ceux qui se sentent exclus de la société, et cela passe inévitablement par un ancrage fort dans un quartier, dans une ville.
Face à ces défis, à Nantes, les solidarités se réinventent, on le voit, des solutions nouvelles apparaissent au service de toutes et tous, et en particulier des plus vulnérables, portées par les acteurs publics, privés, associatifs, par Nantaises et des Nantais.
A Nantes, nous sommes résolument engagés à les accompagner, à les amplifier pour construire une ville solidaire du 21ème siècle, une ville où la solidarité se conjugue au pluriel pour favoriser l’égalité réelle entre toutes les Nantaises et tous les Nantais. Une ville où, plus que jamais, la solidarité est une ambition collective.