Il y a deux ans s’achevait la COP21 sur un accord porteur de grands espoirs pour l’avenir de la planète et de ses habitants. Cet accord, entré en vigueur l’an passé, semble aujourd’hui bien loin et nous sortons de la COP23 dans une grande indifférence. Il y a quelques semaines, plus de 15 000 scientifiques tiraient la sonnette d’alarme quant à l’état de notre planète et nous appelaient à sortir de l’inaction, avant qu’il ne soit trop tard.
Car c’est aujourd’hui, le temps de l’action et non demain. Et nos territoires sont la bonne échelle pour porter des solutions concrètes, qui tiennent compte des enjeux économiques, écologiques, sociaux d’une telle transition. Ils sont aussi le bon espace pour associer, dans leur diversité, tous les acteurs, qu’ils soient entrepreneurs, militants associatifs, élus, citoyens. Car nous avons tous une part de responsabilité dans la mise en transition du territoire. Elle varie bien sûr, selon l’échelle à laquelle on agit, selon les ressources dont on dispose mais je crois profondément que nous ne réussirons cette transition que si chacun s’y sent pleinement engagé, parce qu’il en mesure aussi pleinement les bénéfices pour sa vie aujourd’hui, pour celle de ceux qui l’entoure mais aussi pour celles et ceux qui viendront demain.
Mettre le territoire en transition, se donner les moyens de la réussir , c’est pour moi avant tout s’interroger sur le sens de notre action , sur les buts que doit servir cette transition. Elle doit à mes yeux répondre tout à la fois à l’urgence sociale et au défi écologique. Parce que les crises écologiques renforcent les inégalités sociales et que ces inégalités accroissent les dégâts environnementaux. Parce que les inégalités accroissent la vulnérabilité des plus précaires aux conséquences du changement climatique.
Mettre le territoire en transition, ce n’est donc pas d’abord afficher des objectifs 100 % énergies renouvelables, zéro déchets ou zéro carbone. La transition écologique n’est pas d’abord une question technique de choix technologiques, de mix énergétique, de fiscalité incitative. C’est d’abord une vision politique, qui affirme que l’enjeu central, ce n’est pas la croissance pour la croissance mais de penser un développement équilibré du territoire, un développement raisonné, un développement en réseau, qui vise le bien-être de chacune et chacun, qui préserve nos richesses collectives fondamentales. De le penser avec les acteurs, en les associant à la prise de décisions, en coconstruisant avec eux à chaque fois que cela est possible.
Ces convictions, elles sont à l’origine du Grand Débat Transition Energétique que nous avons organisé durant un an à l’échelle de la Métropole nantaise. Avec 53 000 participants, 11 000 contributeurs, 270 organisations différentes mobilisées, l’organisation de près de 80 événements sur toutes les communes du territoire, près de 160 cahiers d’acteurs, la mobilisation a été très forte et témoigne de ce besoin de collectif, pour débattre d’idées mais aussi pour agir.
Car ce débat n’a pas seulement été un débat d’idées, il a aussi pris la forme d’actions concrètes. C’est ce que nous avons appelé le débat du FAIRE, dont citoyens, associations, entreprises ont pu se saisir concrètement pour expérimenter la transition énergétique et prendre des initiatives. C’est une réelle innovation, qui a permis aux acteurs, aux citoyens, de vivre et de raconter la transition énergétique.
Ce débat, piloté par une commission citoyenne, a donné lieu à un rapport qui propose 12 accélérations et 60 actions concrètes pour mettre le territoire sur la voie de la transition énergétique. Nous nous en saisissons en établissant une feuille de route, sur laquelle délibérera la Métropole en février. Cette feuille de route, elle ne sera pas un document technique, un document figé, mais bien un document coconstruit, avec tous les acteurs. J’ai indiqué pour ma part quelles étaient mes ambitions pour que ce document respecte la philosophie nantaise de la transition écologique. Elles sont triples: penser la transition comme une démarche collective, faire une transition 100% utile, aux bénéfice des habitants et de leur bien-être et permettre au territoire de s’appuyer à 100% sur ses ressources.
C’est ce que nous avons déjà commencé à faire, sur les questions d’habitat et de mobilité. En choisissant de chauffer d’ici 2020 la moitié de nos logements sociaux aux énergies renouvelables. En équipant notre ligne de busway de bus électriques de grande capacité.
C’est aujourd’hui et non demain le temps de l’action. A Nantes, cette action, nous la voulons collective, au service de la l’utilité et de la justice sociale, en protégeant nos biens communs. Nous la voulons créatrice d’emplois durables pour notre territoire. C’est cela la transition écologique “à la Nantaise” et je suis convaincue qu’elle a de l’avenir!