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Johanna
Rolland

Maire de Nantes,
Présidente de Nantes Métropole

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Congrès de l’Assemblée des communautés de France

Publié le 5 octobre 2017

Monsieur le Ministre de la cohésion des territoires (Jacques Mézard)

Madame la Ministre (Jacqueline Gourault)

Madame la Préfète (Nicole Klein)

Mesdames et messieurs les parlementaires

Monsieur le VP de Région (Antoine Chéreau)

Monsieur le président du Conseil Départemental (Philippe Grosvalet)

Mesdames et messieurs les élu-e-s (présidents d’interco / maires)

Monsieur le Président de l’AdCF (Jean-Luc Rigault) et l’ensemble des membres de l’exécutif

mesdames, messieurs

Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui au sein de la Cité internationale des Congrès et de vous souhaiter la bienvenue à Nantes pour ces 2 jours de convention. Je sais que certains d’entre vous ont déjà eu un aperçu de la ville hier soir en dînant aux Machines de l’île. Ces machines sont une belle illustration de notre esprit nantais, un esprit audacieux et créatif,vous aurez l’occasion de vous en rendre compte, je crois, aujourd’hui et demain, que ce soit à travers les visites proposées ou la participation de certains élus ou acteurs nantais aux ateliers et forums du congrès (Thomas Quéro, Yann Trichard, Mahel Coppey)

Je suis très honorée que vous ayez choisi Nantes pour tenir cette convention, autour de la question des défis des solidarités villes-campagnes, qui est pour moi une question essentielle. J’y vois un beau symbole, celui d’une conviction partagée, que l’avenir de la France s’invente aussi dans nos territoires, dans tous les territoires, urbains, périurbains et ruraux, sans opposition naturellement entre les métropoles et les intercommunalités. Sans opposition entre les uns et les autres. Ce n’est pas une conviction partagée par tous. Il y a aujourd’hui parfois en France une vision encore trop jacobine de notre pays.

Mais, comment dire… L’avenir de la France, il ne s’invente pas dans les couloirs de la direction du Budget. Il s’invente dans les associations, dans les TPE et PME, dans les initiatives citoyennes, qui prennent appui sur les atouts de nos territoires. Il s’invente dans nos territoires, car ils sont agiles, créatifs, en mouvement et solidaires.

Et c’est bien le sens de la décentralisation que de permettre justement d’accompagner ce mouvement, à la bonne échelle. Nous le savons, nous, intercommunalités, petites ou grandes. Sur des questions aussi essentielles que l’aménagement urbain, l’emploi, les transports, l’énergie, l’éducation, la solidarité ou encore la culture, des solutions émergent quotidiennement dans nos territoires de nos territoires et nous devons être capables de nous en saisir, de les mettre en mouvement, de leur donner un cap, dans un dialogue constant avec les citoyens

Et c’est je crois, tout l’intérêt des intercommunalités, de permettre cette mise en réseau, de façon efficiente. En renforçant les solidarités territoriales, en redynamisant les politiques publiques, en travaillant à l’équité fiscale évidemment. Elles ont besoin pour cela d’une contractualisation fiable, durable, en confiance, sincère avec l’État, tout simplement pour agir de façon efficace dans la durée.

Cela ne vient en aucun cas remettre en cause le rôle de l’État. Nous avons besoin d’un Etat garant de notre unité, dans ses prérogatives régaliennes. Nous avons besoin d’un Etat stratège, d’un Etat qui est évidemment le garant de l’unité nationale. Mais l’unité de la République, elle tire aussi sa force de la diversité des territoires qui la compose et qui tissent un réseau de solidarités. L’Etat doit être un facilitateur de ces solidarités, il doit garantir l’égalité entre ces formes territoriales pour leur donner les moyens de faire émerger et de faire vivre le meilleur des potentialités. Mais sans chercher à dupliquer à toutes les échelles et sur tous nos territoires un modèle qui serait un modèle préétabli.

Car c’est la diversité qui nous caractérise, ce matin dans cette salle. Une diversité à l’échelle nationale d’abord. Il y a dans la salle des représentants d’intercommunalités rurales, des représentants de villes moyennes, des représentants de petites villes, des représentants de grandes agglomérations et votre congrès a choisi la 6e métropole française pour tenir ses journées de réflexion et de propositions. Mais une diversité aussi – je tiens à le souligner – à l’intérieur même de nos intercommunalités. Vous êtes ici dans une métropole qui compte 24 communes très différentes, par leur poids démographique, leur histoire, leur identité. Mais cette diversité, nous la retrouvons également à l’échelle de nos quartiers. J’insiste sur cette diversité à toutes les échelles car je crois, contrairement à ce qu’on entend parfois dans une société de l’information rapide – chaînes d’informations en continu ou autres – qui aiment nous proposer des représentations binaires de la réalité, alors que chaque élu de terrain sait que cette réalité est plus complexe, je crois qu’il y a parfois le même sentiment d’exclusion de la promesse républicaine chez un jeune issu de nos quartiers populaires, de nos quartiers politique de la ville que chez un jeune d’un territoire rural qui a vu année après année disparaître des services publics se fermer.

Et pourtant, on a trop tendance à opposer nos territoires les uns aux autres, à les caricaturer.

Oui il y a dans le monde et en France une montée en puissance du fait métropolitain. C’est une réalité française, européenne et mondiale. Oui les métropoles concentrent des hommes et des femmes, des richesses, des activités, de la créativité. Mais ces métropoles, elles ne sont pas, elles ne peuvent pas être, des formes d’îles, isolées, sans lien avec leur environnement, sans interactions, sans réciprocité, sans complémentarité avec cet environnement.

Car nos territoires ne sont pas des briques colorées qu’on empilerait les unes sur les autres. Au contraire, ce sont des palettes de couleurs qu’on mélange pour construire ensemble un projet en mouvement. C’est pour cela qu’au delà de la question de la cohésion des territoires, se pose celle de leur alliance. Cette alliance, elle est une nécessité et une chance pour la France de demain. Car elle permet d’abord de répondre aux défis auxquels nous avons tous à faire face.

Nous vivons dans un monde en profonde mutation. Chacun le sent, chacun le vit, chacun y est confronté là où il est. C’est une période qui évidemment soulève des inquiétudes, des questionnements mais qui offre aussi des opportunités, de nouvelles opportunités. Nous avons là, sur nos territoires d’imaginer des utopies réalistes, des solutions concrètes, pragmatiques, issues du terrain mais qui font avancer un projet de société.

Pour cela je crois qu’il faut passer de territoires qui déploient des politiques publiques parfois les uns à côté des autres, parfois même les uns contre les autres, à des territoires qui font ensemble. Pour que s’incarne réellement les valeurs républicaines, ils doivent permettre que se déploie la liberté, que soit garantie l’égalité, que s’incarne la fraternité, à toutes les échelles.

Ce défi, il est partagé par toutes les formes d’intercommunalités. Alors bien sûr, chacun a sa singularité, et je ne prétendrais pas, sûrement pas, dire que les solutions que nous mettons en œuvre ici doivent être répliquées partout. Cee serait même l’inverse, chacun doit trouver ses propres solutions, ses propres interconnexions. Je sais par exemple l’énergie qu’un grand nombre d’entre nous ont du mettre pour réussir ce cap de la fusion des intercommunalités. Oui de la théorie à la pratique, de l’intention à la concrétisation, il y a derrière de l’énergie, de l’engagement et, disons le clairement, du travail.

Dans les transitions que nous vivons aujourd’hui – écologique, économique, démographique, démocratique également- nous devons d’abord construire des réseaux. Des réseaux d’acteurs. C’est ce que nous avons fait à Nantes sur la question de la transition énergétique en lançant un grand débat à l’échelle de notre Métropole. 24 communes mobilisées ensemble, plus de 50 000 habitants qui y ont contribué pour arriver demain à une feuille de route partagée.

Cette démarche, elle préside aussi à la manière dont nous travaillons à la question alimentaire, avec le projet alimentaire territorial et la création, à l’occasion du transfert du MIN d’un pôle autour de ces sujets. Ce projet aujourd’hui soutenu par l’État – qu’il en soit remercié – dans le cadre du pacte d’innovation parce que sur ces sujets, nous devons aller plus vite. Ce transfert, il sera effectif à la fin de l’année 2018 et nous y travaillons avec l’ensemble des acteurs du territoire : agriculteurs, industriels, chercheurs, restaurateurs, associations. C’est bien cette mise en mouvement, cette libération des énergies, que nous mettons en avant concrètement.

Ces réseaux d’acteurs, ce sont aussi des réseaux territoriaux. Cette interdépendance entre acteurs et territoires, elle nous conduit à construire des outils . D’abord pour renforcer notre attractivité. C’est le sens du travail que nous menons ici à Nantes, notamment dans le cadre du pôle métropolitain Nantes-Saint-Nazaire. Oui Nantes et Saint-Nazaire ont décidé d’unir leur destin pour être plus efficaces. Ce pôle il regroupe 5 intercommunalités, 840 000 habitants. Nous travaillons en commun sur des questions d’aménagement du territoire, de développement économique, d’agriculture.

Cette logique de réseau, c’est aussi notre capacité à travailler avec la Région au service de l’intérêt général, avec le Département, évidemment mon cher Philippe.

Enfin nous coopérons à l’échelle du Grand Ouest (Nantes, Rennes, Brest, Saint-Nazaire, Angers), ce que nous appelons le Pôle Loire Bretagne, où là aussi nous investissons ce sujet des transitions. Par exemple en organisant prochainement à Paris un salon de recrutement sur les compétences du numérique. Ou en organisant prochainement, à Nantes – je vous y convie chacune et chacun – le 20 octobre un colloque national justement sur la question de l’alliance des territoires.

Cette logique, je crois qu’elle correspond profondément tout simplement à ce que vivent les concitoyennes et concitoyens et qu’à cet égard il est urgent de cesser de découper les territoire urbains, périurbains et ruraux. Habitants, richesses, idées circulent de l’un à l’autre avec inventivité, avec créativité. Nos réponses institutionnelles, nos réponses de collectivités locales doivent être en phase avec ce mouvement. Sans perdre évidemment notre singularité.

C’est le sens de notre action d’élus locaux. Nous n’avons pas seulement ou prioritairement la mission d’aménageur du territoire. Nous avons la mission d’animateur de nos territoires. De faire se rencontrer l’intérêt général et l’intérêt local.

Mais il faut pour cela que le contrat soit clair entre l’État et les collectivités locales et je voudrais dire ici mon inquiétude. Elle est double : les moyens que l’État entend nous donner pour réaliser ces missions essentielles et les missions justement qu’il entend assigner aux collectivités locales.

Sur les moyens tout d’abord. Oui évidemment la sobriété des collectivités territoriales est nécessaire. Oui évidemment, chacun doit contribuer à l’effort de redressement et de mise en dynamique du pays. Parce qu’il est nécessaire d’être exemplaires et transparents quand on demande des efforts aux citoyens. Mais ces efforts, chaque élu le sait ici, chaque élu le vit chaque jour, nous y avons déjà grandement contribué. Ils doivent donc être justes et équilibrés. Continuer à raboter les dotations des collectivités locales, c’est tout simplement entraver leur capacité à investir demain. C’est hypothéquer des questions aussi essentielles que la lutte contre le changement climatique. Et puis ce n’est pas qu’une question financière. Prenons l’exemple de la taxe d’habitation. Pour moi cela pose deux questions. Bien sûr l’équilibre de nos finances et je ne connais pas un élu local qui n’y est pas attaché. Mais au-delà, le sujet des collectivités locales, c’est bien leur liberté, c’est bien leur autonomie, c’est bien leur capacité à porter un projet stratégique, alors si demain on nous prive de la capacité d’avoir une stratégie financière, qui nous permet d’assurer ce projet stratégique, où est la capacité d’initiatives et de propositions de nos collectivités ?

Tarir les finances des bailleurs sociaux, ce serait contribuer demain à aggraver les inégalités. Je dois vous dire ici, car je sais que vous y êtes sensible, Monsieur le Ministre, l’inquiétude et la colère des bailleurs sociaux. A Nantes, le logement social, nous y croyons profondément, c’est une fierté. Dans ma ville le logement social ce n’est pas simplement dans les quartiers populaires. Quand vous vous êtes promenés aux Machines, vous n’avez sans doute pas vu à côté un immeuble magnifique, on l’appelle « L’oiseau des îles ». Il est invisible et tant mieux ! Pourquoi tant mieux, Parce que derrière c’est 60 % de logement social, c’est un logement social de qualité que nous menons ici. C’est un logement social qui est un pierre d’un parcours résidentiel. C’est un logement social qui permet justement de penser le continuum entre le logement social, le logement abordable et le logement libre. Alors en déstabilisant l’équilibre financier des bailleurs, en mettant un coup d’arrêt aux constructions, les mesures annoncées font peser un double risque : un risque social car le logement social, c’est le logement pour tous, pour les familles, pour les plus modestes pour les plus précaires et un risque économique, pour le secteur du bâtiment qui d’ores et déjà nous interpelle sur ces sujets. Ces risques, ce sont nos territoires qui en seront les premières victimes, car oui les élus locaux sont toujours, toujours en première ligne sur ces sujets. Cette rupture de l’égalité, c’est enfin l’annonce de la suppression des emplois aidés en plein milieu de l’été, sans aucune concertation, qui n’était pas une mesure annoncée dans le programme du président de la République. Vous savez comme elle menace la vie associative absolument essentielle.

Au-delà – car je crois que j’en ai dit suffisamment-, au-delà des moyens, se pose quand même la question de la philosophie de ces annonces. On nous avait promis une logique « bottom-up », nous nous retrouvons avec une logique « top-down ». Ou pour le dire avec les mots de « l’ancien monde », que les annonces soient faites par le haut, sans égards pour les initiatives qui sont construites, pieds à pieds, dans le bas. Si de telles méthodes devaient perdurer, on serait en droit, légitimement en droit, de s’interroger sur l’avenir et le sens de la décentralisation.

Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, prenez mon intervention simplement pour ce qu’elle est : une interpellation, une demande, à des ministres dont nous savons qu’ils sont justement issus de nos territoires, dont nous savons qu’ils connaissent justement les réalités, dont nous savons qu’ils sont évidemment sensibles. Vous avez Monsieur le Ministre pendant plus de 15 ans présidé une intercommunalité, vous connaissez nos questions, vous connaissez nos attentes, aidez nous à dire à vos administrations, aidez nous à dire parfois à vos collègues qu’il y a une vie en dehors des couloirs du Budget et en dehors du périphérique parisien.

Nous avons besoin de vous, nous comptons sur vous, merci par avance et à chacune et chacun je souhaite une très fructueuse, une très belle et une constructive convention !

Merci.

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Catégories Discours, Médiathèque
Auteur Fleur Malouines
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