Projet de réforme territoriale
Session extraordinaire Région Pays de la Loire
Le 13 mai 2014
Intervention de Johanna ROLLAND,
Maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole
Monsieur le président,
Mesdames, Messieurs, les conseillers Régionaux
Mesdames, Messieurs,
Le Président de la république et le Premier Ministre ont décidé de lancer une réforme territoriale d’ampleur avec, entre autre, pour objectif, une nouvelle carte régionale en France.
Nous devons nous emparer de cette question de façon offensive. Les citoyens attendent de nous, quels que soient nos points de vue et nos différences, un débat à la hauteur de l’enjeu, un débat démocratique serein et responsable. Et Monsieur le Président, je vous remercie d’avoir organisé, dans cet état d’esprit, ce moment de réflexion et d’échanges.
Il ne peut y avoir de décentralisation centralisée où tout serait décidé de Paris. Parce qu’une réforme qui ne serait pas largement partagée par les territoires ne serait pas efficace. Et nous avons besoin, encore plus dans cette période, de collectivités locales en situation d’agir sur les grandes questions économiques, sociales et environnementales.
Je voudrais aujourd’hui vous faire part de quatre convictions :
-
d’abord, première conviction, ayons à l’esprit que nous sommes, de plus en plus, amenés à travailler en réseau au-delà des limites administratives. Les entreprises, les salariés, les chercheurs sont attentifs aux décisions de nos collectivités. Mais ils ne vivent pas enfermés dans leurs limites. Il faut bien entendu des collectivités locales qui agissent sur un périmètre donné avec une répartition des compétences clarifiée. Mais nous devons aussi travailler en territoires de projets, à géométrie et dimension variable en fonction des enjeux.
C’est pour cela que Nantes a engagé de longue date une coopération avec Saint Nazaire autour de grandes questions comme l’Estuaire, le grand port maritime ou les enjeux industriels et d’emploi
C’est pour peser à l’échelle européenne les questions d’enseignement supérieur et de recherche, que Nantes a engagé, en lien étroit avec les régions, des coopérations avec Rennes, Angers et Brest au sein du pôle Métropolitain Loire-Bretagne.
-
Deuxième conviction : si la question de régions plus fortes mérite d’être posée, c’est à condition que la réponse donnée apporte un plus dans la vie des citoyens.
Faire autrement pour agir plus et mieux. Et cela suppose d’abord d’écouter, de regarder objectivement la réalité des échanges et des coopérations déjà existantes. Il ne faut pas se cantonner à quelques certitudes ou aprioris. Les propos d’Hervé Le bras ont, de ce point de vue, le mérite d’être éclairants. Il ne peut non plus y avoir de tentation de repli sur soi dans cette nouvelle étape. Je sais que dans une période de crise, de mondialisation, le refuge identitaire pourrait être séduisant. Mais il ne pourrait mener qu’à une impasse. Chacune de nos villes de nos régions a son histoire, sa particularité, son identité.
Mais il s’agit là de se rassembler, de fédérer cette diversité pour être plus fort.
-
C’est ma troisième conviction : la nécessité absolue d’un projet commun. Il ne peut y avoir de nouvelle région où les acteurs sociaux, économiques, culturels associatifs, les forces vives ne partagent pas un projet commun. Il se construira, on le sait, dans la durée et se renouvellera à la vitesse des mutations de notre société. Mais les bases doivent en être posées dès a présent. Ce projet doit être bien entendu appuyé sur l’histoire, mais aussi être porteur d’espoir. Il ne doit pas casser les dynamiques en cours. Il doit favoriser l’innovation, les synergies, si nombreuses dans nos territoires, qui souvent n’ont pas attendu les réformes institutionnelles pour se mettre en place. C’est cela que nous devons ensemble construire dès a présent pour notre Région et pour le Grand Ouest
-
Enfin pour ma quatrième conviction, je m’exprimerais plus particulièrement comme Maire de Nantes et présidente de la métropole Nantaise.
Nantes, construite au fil des siècles par les « nantais venus d’ailleurs », est à la fois forte de son histoire tout en étant en mouvement et renouvellement constant. « Ville du dehors » comme le disait Fernand Braudel, Nantes a conservé ce caractère de liberté qu’offre le grand large, tout en nouant, dans son histoire récente, des liens forts avec les territoires qui l’environnent.
Capitale d’une grande Région, les Pays de Loire, elle a une responsabilité envers les territoires Ligériens et atlantiques. Elle a, depuis toujours, des liens étroits avec la Bretagne, mais entretient aussi des relations avec le Poitou.
Mais Nantes, métropole du grand ouest, ouverte sur le monde, rayonne bien au delà.
Nantes est en dialogue, c’est un devoir, avec les grandes villes d’Europe. Elle le fait au travers notamment de son engagement au sein du réseau Eurocities où Nantes est regardée et reconnue. C’est essentiel. Car à cette échelle, celle de l’Europe et du monde, il n’y a pas de région forte sans métropole forte.
Je ne peux donc imaginer que cette réforme ampute Nantes d’une part de sa force et de son identité. Ce serait l’affaiblir. Ce ne serait bon, ni pour la métropole Nantaise, ni pour notre région, ni pour le grand ouest. Notre destin est lié, l’alliance ouverte des territoires c’est notre avenir.
Alors, pour toutes ces raisons, sans conclure définitivement j’ai la conviction qu’une nouvelle grande région ne peut se constituer que sur une base solide et ouverte : le rassemblement des régions Bretagne et Pays de la Loire.
Le débat va se poursuivre. La métropole nantaise y prendra toute sa part, car ce sont des décisions qui engageront l’avenir. Pas d’abord celui des collectivités et des institutions mais celui des habitants et des générations futures. Je serai donc très attentive à ce que ce débat soit mené pour et avec les citoyens.