Retrouvez ci-dessous la tribune publiée dans le quotidien Libération, le 26 mars dernier, dans le cadre du Forum « Les cités numériques, quand Internet change nos villes ».
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L’avènement de l’ère numérique mondialisée interroge toutes nos pratiques de consommateur, de citoyen et d’élu. Amazon préempte des ventes qui pourraient être réalisées par nos commerces de proximité. Les plateformes de livraison alimentaire créent des emplois précaires sans protection sociale. Et, pendant ce temps-là, la défiance des habitants naturellement s’accroît, devant la gouvernance mondialisée du numérique.
Cette généralisation des usages du numérique nous oblige. Nous, décideurs publics, avons les moyens d’agir grâce à la mobilisation des acteurs locaux qui proposent des solutions pour une transformation numérique ambitieuse, socialement et écologiquement durable dans l’intérêt des habitantes et des habitants de notre pays, de nos villes. C’est ce que nous nous attachons à dire collectivement au gouvernement au sein d’associations comme France urbaine.
Nous devons tout d’abord faire du numérique un enjeu d’égalité, facteur de cohésion sociale et territoriale. Il faut appeler les acteurs privés à prendre en compte le risque de fracture sociale induit par la généralisation des pratiques numériques. C’est ce qui nous a conduits à Nantes à organiser l’accès de tous aux services publics, à structurer les réseaux de médiation numérique ou encore à mettre en place une charte métropolitaine de la donnée qui garantit l’encadrement des données produites et collectées dans le cadre des activités de la collectivité.
Changement de pratiques en profondeur
Nous devons ensuite agir pour un numérique responsable qui engage un changement de pratiques en profondeur pour conduire une transformation numérique qui limite l’impact environnemental de la collectivité. Cela passe par la structuration d’une filière offensive de récupération, recyclage et réemploi des matériels informatiques avec les acteurs locaux de l’ESS. Cela passe aussi par la mise en œuvre de places de marché virtuelles et locales avec les acteurs économiques et la mise en œuvre d’une commande publique responsable.
Nous devons enfin nous mobiliser largement pour embarquer les acteurs du territoire qui créent et innovent. Entreprises, associations, collectifs, communautés développent tous les jours des nouveaux modèles en s’appuyant sur l’opportunité du numérique pour faire évoluer positivement notre société et donner de l’espoir pour l’avenir. En ce sens, nous accompagnons des initiatives porteuses de sens comme la création de la coopérative des «Coursiers nantais» qui permet d’offrir le statut de salariés aux livreurs à vélo, montrant qu’il est tout à fait possible, à un coût légèrement plus élevé, de développer des activités de livraison plus respectueuses des humains et de la planète.
Ces lignes doivent bouger sans attendre. J’y prends toute ma part. Nos territoires, dans toute leur diversité et complémentarité, constituent une parfaite échelle pour agir, réguler et innover. Ils doivent être soutenus et consultés pour que les solutions qui s’inventent localement essaiment au niveau national, européen et mondial. L’avenir du numérique sera ce que nous en ferons.