J’ai aujourd’hui adressé au conseil Constitutionnel mon parrainage pour la candidature de Benoît Hamon à l’élection présidentielle.
Je suis convaincue que le rassemblement des électeurs de gauche se fera autour du projet, d’idées et de pratiques nouvelles et non par la seule addition d’accords entre organisations politiques.
J’ai pour ma part, depuis quelques temps déjà, ouvert des pistes. Notamment celle d’une République du réel, (1)où l’action suit les mots, où la politique ne se résume pas à des joutes verbales ou querelles d’égo tournant en boucle sur les chaînes d’information.
L’égalité est au cœur du combat de la gauche. Elle doit être un guide pour l’action pour changer concrètement la vie quotidienne. Avec l’éducation comme priorité première réaffirmée.
Dans une société plus fragmentée, plus horizontale, où les citoyens doivent retrouver confiance, nous devons proposer un nouveau souffle démocratique avec une gouvernance plus collective, plus citoyenne. A Nantes nous sommes engagés de façon volontariste dans cette voie.
Nous devons aussi répondre aux défis des transitions écologique et numérique pour en faire des leviers, pour offrir un projet d’avenir commun, partagé, à toutes les générations, pour faire progresser l’égalité réelle. A Nantes, avec mon équipe, j’ai fait le choix d’un engagement résolu : en faisant de la transition numérique non une fin mais un moyen, en mettant la transition écologique au cœur de notre action, en les pensant avec les acteurs, les citoyens.
Sur tous ces sujets, Benoît Hamon fait des propositions. Nous avons aussi des désaccords, comme par exemple sur Notre-Dame-des-Landes. Je ne changerai pas de position. Je continuerai à demander le respect de la consultation démocratique organisée, comme à faire valoir l’impossibilité de maintenir l’aéroport de Nantes sur son site actuel. Mais convenons que s’agissant de l’avenir de la France, nous pouvons assumer ce désaccord.
Pour convaincre et rassembler, la campagne de notre candidat doit s’ouvrir à plusieurs sujets majeurs pour l’avenir de notre pays.
Tout d’abord, la gauche doit clairement affirmer une ambition décentralisatrice dans une campagne où la tonalité qui prédomine est trop jacobine. Benoît Hamon ne croit pas à l’homme (ou à la femme) providentiel. Je partage ce point de vue. Je ne crois pas non plus à l’Etat providentiel fut-ce t-il gouverné autrement. Une part majeure de l’avenir de notre pays s’invente dans ses territoires. C’est là que, dans leur diversité, les énergies bouillonnent et peuvent permettre à la France de relever les défis d’un monde en mutation rapide.
La gauche doit aussi proposer une nouvelle alliance des territoires qui en finisse avec cette opposition stérile entre monde rural et monde urbain. Nos destins sont liés et nous avons des défis à relever ensemble : mobilité, emploi, santé, alimentaire…
Nous devons ensuite et impérativement répondre aux inquiétudes et aux aspirations des catégories populaires. Elles attendent qu’on les protège contre les risques d’une mondialisation ultra-libérale qui tire vers le bas les droits des salariés. Elles aspirent à se saisir de tous les leviers d’émancipation. Le projet de François Fillon, ou ce qu’il en reste, propose strictement l’inverse. Quant au Front national, semeur d’illusions et de fractures, il est un danger d’abord pour les plus modestes, ensuite pour les classes moyennes que son programme conduirait immanquablement à la paupérisation.
Benoît Hamon propose une vision sociale-écologique ambitieuse pour l’avenir de notre pays. Il fait des propositions qui ont le mérite de la nouveauté même s’il doit les préciser pour assurer, pour certaines, la crédibilité de mise en œuvre. Nous ne pouvons nous permettre de décevoir une nouvelle fois. Je ne veux pas de la promesse d’un grand soir qui se transformerait en petit matin blême sur le terrain.
Partout dans nos villes et nos campagnes les talents ne demandent qu’à s’épanouir. Ils attendent que nous leur donnions les moyens de se révéler, de créer, d’innover, d’entreprendre. On se protège mieux en étant offensif. C’est par l’emploi d’abord que l’on lutte contre la précarité, que chacun retrouve sa capacité à choisir son destin et construire sa vie. La gauche doit donc aussi parler aux entreprises. Leur donner confiance, leur proposer un cap partagé et la visibilité que requièrent les investissements indispensables. C’est une condition essentielle pour le combat central qui est le nôtre : l’emploi.
Enfin, il n’y a pas d’avenir hors du projet européen, d’un projet européen refondé, avec nos partenaires. Nous avons besoin d’une Europe plus protectrice, mais sachant aussi être fidèle à ses valeurs d’ouverture et d’accueil. Une Europe qui tout en assurant des droits sociaux de haut niveau permette à nos entreprises d’être compétitives, d’exporter, de rayonner dans le monde.
Les valeurs clairement affirmées, la part d’utopie et d’espoir doit se conjuguer avec un nécessaire pragmatisme, la volonté d’être concret. C’est ce fil qui m’anime à Nantes où je dirige une majorité large qui rassemble socialistes, écologistes, communistes, radicaux, membres du Mouvement Républicain et Citoyen, de l’Union Démocratique Bretonne et personnalités de la société civile. Je fais tous les jours l’expérience d’une gauche diverse et rassemblée autour d’une ambition qui la fédère : construire un nouveau modèle de développement.
C’est forte de cette expérience, de mes contacts quotidiens avec les habitants que, dans un esprit de responsabilité collective, je m’engage dans cette campagne. J’ai la volonté de dialoguer avec toutes les Nantaises et tous les Nantais sans a priori, ni exclusive. C’est cet état d’esprit que je souhaite trouver dans notre campagne au niveau national. Elle doit être largement ouverte aux différentes sensibilités de la gauche pour créer les conditions du plus large rassemblement, d’une dynamique forte au service de l’avenir de la France.