Claire Roumet, est la directrice de l’association européenne des autorités locales en transition énergétique. Elle livre son éclairage au débat sur la « ville de demain ».
Ville de demain ? Le premier mot qui me vient à l’esprit est « childproofed » ; c’est la définition qu’ont choisi les 8 villes partenaires d’un projet appelé IMAGINE. De France ou de Roumanie, petites comme Litomerice ou grande comme Munich, prospères ou en reconversion, pendant trois ans, ces villes se sont mutuellement accompagnées pour imaginer leur futur à 2050, sur la base d’une participation active des citoyens. Une ville « post-carbone » bien entendu mais, surtout, de ces exercices de visualisation d’un futur partagé, le mot clef qui est ressorti pour les définir, quelques soient les trajectoires que cela impliquerait, c’est « enfant » ; des villes adaptées aux enfants, des villes profondément humaine donc.
Évidemment, cet exercice de projection vers un avenir lointain, dessine avant tout, en négatif, ce que les villes d’aujourd’hui ne sont pas. Les parents se plaignent souvent que leurs progénitures ne peuvent goûter les joies des jeux dans la rue, des relations de proximité avec les voisins, de la liberté d’aller et venir dans un territoire proche qui ne présente pas de dangers. C’est la voiture bien sûr qui a mangé une partie de l’espace, mais ce sont bien d’autres choses qui ont distendu les liens et changé notre rapport au quartier. Qu’est-ce donc alors que la ville adaptée aux enfants ? D’abord, ils peuvent respirer ; il n’y a plus de pots d’échappement devant leur nez ; les parcs sont très nombreux, on peut y jouer, on peut faire pousser ses carottes aussi ; on fait ses courses dans le quartier ; bibliothèque, école, et espaces culturels sont accessibles en vélo, même pour les petites jambes.
En quoi cette ville de 2050 est-elle « post-carbone » ? Elle redessine les transports urbains, la production alimentaire est faite en partie dans la ville, elle réduit considérablement les besoins énergétiques de par la proximité. On suppose qu’elle est alimentée par des sources d’énergies renouvelables qui ont remplacé les grandes centrales de production voilà déjà deux décennies sous l’impulsion conjointe de la collectivité et des citoyens. Cette production locale a été un facteur de démocratisation de l’économie et, au-delà, a jeté les bases d’un partenariat fort de toute la communauté locale autour d’un développement harmonieux du territoire, d’un projet fédérateur. Les communes environnantes y ont été associées, de nouvelles relations urbaines-rurales se sont tissées.
Quand on se promène aujourd’hui dans Nantes, force est de constater que cette vision, si elle n’est pas encore réalité, semble orienter les choix d’aménagement et d’organisation. C’est une ville moderne prête à aborder le futur avec ambition. Le Grand Débat sur la transition énergétique sera sans aucun doute un élément fondateur pour les prochaines étapes de développement de ce projet vers une ville « childproofed ».
Bravo !
Claire Roumet
Directrice d’Energy cities