Comme Maire de Nantes, j’agis chaque jour pour que la République ne soit pas une République des mots, mais pour construire la République du Réel, pour faire vivre sur le terrain concrètement les valeurs d’Egalité de Liberté et de Fraternité. Il n’y a pas de valeurs à géométrie variable quand il s’agit de l’humanité. Il n’y a pas les valeurs du dedans et celles du dehors. Quels que soient les troubles du monde, les difficultés, céder sur les valeurs serait tout simplement renoncer à l’essentiel, à ce qu’est la France : la patrie des droits de l’Homme. C’est pour cela que la France est une terre d’asile.
Bien entendu cela s’organise. L’État a le devoir de fixer les règles qui permettent d’accueillir durablement des réfugiés ou mettre certains provisoirement à l’abri pour fuir des situations de guerre.
Seule la démagogie ou les discours de haine et de rejet de l’extrême-droite peuvent laisser penser que ceci se ferait au détriment des millions de personnes qui vivent aujourd’hui en France dans la précarité. Donner un peu aux uns n’enlève rien à ce qui manque aux autres. La sixième puissance économique du monde doit, par ses valeurs, son histoire et au nom de l’humanité prendre ses responsabilités.
L’Europe aussi bien entendu doit prendre sa part. L’Europe n’a pas d’avenir si elle n’est pas fondée sur des valeurs et une solidarité forte entre États. Aujourd’hui lui est posée la question des réfugiés qui fuient les zones de guerre. Demain ce sera la question des réfugiés climatiques. La question qui se pose à l’Europe c’est celle d’un projet de société, c’est celle d’un projet qui parle au citoyen, qui apporte une perspective, un espoir. Une Europe qui s’empare des défis d’avenir.
C’est pour cela entre autre que nous avons accueilli le premier sommet mondial des acteurs climatiques non gouvernementaux, Climate Chance. C’est par la mobilisation de tous et à tous les niveaux que nous relèverons les défis de demain comme nous devons répondre aux urgences d’aujourd’hui.
Nantes se mobilise pour l’hébergement
A Nantes, nous prenons toute notre part, pour l’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile. Nantes est par exemple la seule ville de France à gérer en propre un centre d’hébergement des réfugiés. Lorsqu’il y a un an j’ai engagé notre ville au sein du réseau des villes solidaires c’est tout naturellement cet outil spécifique que nous avons d’abord actionné pour le volet hébergement en obtenant, via un appel à projet de l’Etat, le doublement de sa capacité en un an (de 50 à 101 places) et bientôt 23 de plus (après un autre appel à projet de l’État).
En parallèle, nous travaillons avec des opérateurs comme France Terre d’Asile et les bailleurs sociaux au premier rang desquels Nantes Métropole Habitat pour la mise en place de Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile sur notre territoire.
Cette mobilisation pour l’hébergement se fait avec une ambition : favoriser l’accompagnement vers l’intégration des personnes concernées. Cela implique pour moi de défendre les solutions « dans le diffus », sans grand centre mais en proximité dans des logements individuels. Cela implique aussi la mobilisation de moyens d’accompagnement social dédiés via le CCAS. Cela nécessite la mobilisation de notre service de l’éducation pour que chaque enfant dont les parents en font la demande soit scolarisé dans les écoles nantaises et puisse, quelle que soit leur situation, manger à la cantine et participer aux activités périscolaires. Cette action nous la conduisons avec détermination et humilité, parce que nous ne sommes qu’au début d’un travail de longue haleine ; et enfin parce que je le sais, ceux qui sont en première ligne pour aider les migrants, particulièrement dans cette période de crise, ce sont les associations, les cultes et la société civile.
Travailler à de nouvelles solutions
C’est la raison pour laquelle dans le contexte financier des collectivités que nous connaissons, j’ai fait le choix du maintien (voire de la hausse pour certaines) des subventions aux acteurs associatifs qui agissent pour toutes les personnes en situation de précarité.
C’est aussi la raison pour laquelle dès l’automne 2015 nous nous sommes mis à la disposition des associations, en leur proposant des moyens d’interprétariat et en organisant un forum associatif d’un nouveau genre dans le but de mettre en lien les bonnes volontés qui s’exprimaient auprès de la Ville et les associations en manque de bras.
C’est enfin la raison pour laquelle nous travaillons à de nouvelles solutions, notamment avec l’évêché et des acteurs de la grande précarité. Il y a quelques jours, le presbytère de Doulon qu’occupaient des migrants a dû être évacué pour des raisons de sécurité et sanitaires. Toutes les personnes ont été relogées, grâce à la mobilisation collective du diocèse de Nantes, de la Ville et de la préfecture. 76 places d’hébergement ont été trouvées, offrant à chacun des migrants une sortie digne et respectueuse. La Ville a mobilisé, au-delà de son champ de compétences, des places d’hébergement permettant d’abonder le pot commun des solutions à hauteur de 10 places pour des réfugiés. C’est une nouvelle étape dans la prise en charge des migrants à Nantes. Par ailleurs, la Ville de Nantes s’est engagée à réhabiliter le presbytère de Doulon afin d’y accueillir un lieu d’hébergement destiné aux personnes en grande précarité et aux migrants en lien avec des associations de l’urgence sociale. Une subvention de 350 000 € y sera consacrée.
A Nantes, ville de l’Edit de Nantes, de tant et tant de « Nantais venus d’ailleurs », répondre à cette urgence est une exigence collective qui est partagée. La Ville y prend toute sa part de façon pragmatique concrète en fidélité avec son histoire Avec les valeurs qui m’animent et guident l’action de mon équipe.