Temps d’échanges avec 400 acteurs culturels nantais le 15 septembre 2016. Je leur ai redit mon ambition pour la culture à Nantes : liberté des créateurs, moyens matériels assurés à la création et accès de toutes et tous à la culture. J’ai aussi fait 5 annonces concrètes :
– La sanctuarisation du budget de la culture jusqu’à la fin du mandat,
– Une trentaine de nouveaux ateliers d’artistes, boulevard de la Prairie aux Ducs et sur le site Félix-Thomas et demain à Mellinet,
– Une nouvelle vie pour le Studio Théâtre, avec des temps de diffusion en série, des résidences,
– Un nouveau lieu de production et de création pour le spectacle vivant : Libre usine,
– Le soutien de la Ville au nouveau festival de danse qui débutera en janvier 2018.Une mobilisation qui s’est prolongée avec neuf ateliers de travail. Et puis, au printemps prochain, une nouvelle rencontre pour apporter aux propositions issues de ces ateliers et continuer à avancer ensemble.
Retrouvez ici mon discours dans son intégralité :
Mesdames, messieurs, chers artistes, chers acteurs culturels,
Je vous remercie toutes et tous de votre présence aujourd’hui pour ce temps de rencontre et d’échanges autour de la culture à Nantes.
Nantes et la culture, vous le savez, c’est une longue histoire.
Oui, l’art et la culture ont réveillé la belle endormie. Oui, l’art et la culture ont réconcilié Nantes avec elle-même et l’ont projetée dans l’avenir. Nantes est devenue une référence, une ville dont on sait qu’elle regorge de talents. Nantes a cette singularité, cette capacité à porter sur le monde un regard décalé, original, surprenant, qui fait dire au Sunday Times que nous sommes la ville la plus déjantée du monde.
Quand je vais dans d’autres villes, d’autres régions, à l’international on me parle de la culture à Nantes avec curiosité, avec envie. Cela dit quelque chose de cette réussite, de notre rayonnement par la culture qui nous donne de la fierté et contribue largement à la dynamique de Nantes et de sa métropole. La culture fait partie de notre ADN.
J’ai souhaité cette rencontre aujourd’hui pour deux raisons.
D’abord, pour vous parler, pour vous écouter aussi sur l’ambition culturelle nantaise, sur l’action engagée, parce que dans ce nouveau cycle que j’ai ouvert avec les Nantaises et les Nantais, c’est ma façon de concevoir l’action publique.
Et puis, il s’est passé bien des choses en deux ans. Oui le monde change vite, très vite. Plus vite que nos organisations et nos institutions. Parfois même peut-être plus vite que la pensée.
Bien sûr il y a ce contexte dramatique. Ces attentats, ces fanatiques dont le premier ennemi est peut-être justement la culture, parce qu’ils sentent bien à qu’elle est au fondement de notre démocratie.
Et oui la crise économique et financière fragilise et interroge les équilibres économiques des structures culturelles comme des festivals.
La culture et les artistes sont directement touchés par ces mouvements du monde. Et en même temps la culture est un levier pour l’avenir. Elle est une des réponses aux défis de notre société. Elle est un rempart contre les obscurantismes.
C’est par l’art et la culture que l’on s’émancipe, que l’on apprend à penser pour soi, contre les évidences. A l’heure où les médias diffusent un flux continu d’informations, parfois sans tri dans un mode binaire bien loin de la complexité du monde, il faut plus que jamais développer l’esprit critique. C’est ce qu’a fait par exemple le Grand T en juin, chère Catherine Blondeau, avec son Festival « Tous terriens » qui convoquait artistes, savants, acteurs de la société civile, pour expérimenter nos humanités futures.
Mais la culture ce n’est pas qu’une affaire individuelle. Elle est tout simplement indispensable pour faire société, pour créer du commun. Pas du commun au sens banal. Mais ce commun qui fait de notre diversité une force, parce que l’on crée du lien, parce que l’on donne du sens. Parce que l’on dessine aussi quelque chose d’original. Car oui, la culture, tisse la Ville, en créant de l’échange, des croisements. Pensez à la foule composite qui assiste aux parades de Royal de Luxe ou au public mélangé des cafés culture.
Oui Nantes grandit avec la culture et la culture grandit avec Nantes.
Et cette vision exigeante de la place de la culture, pour moi, elle est inséparable d’une culture ouverte, vivante, optimiste. Une culture qui invente un avenir fait d’espoir. Pas parce que les difficultés auraient disparu ou qu’on les aurait escamotées. Non, un avenir qui nous sourit parce qu’on le construit, parce qu’on le choisit. Parce qu’on le construit avec nos valeurs. Pour cela, nous avons besoin du regard des artistes qui défrichent, ouvrent des perspectives nouvelles. C’est votre rôle, votre apport irremplaçable.
Lors des dernières Biennales Internationales du Spectacle, qui se tiennent ici, à Nantes, et ce n’est pas un hasard, il y a eu un débat, certains ici s’en souviennent sûrement, qui caractérise bien cette ambition. Il s’intitulait: « Comment la culture peut (et doit) réenchanter la société ». A Nantes, nous avons cette ambition pour la culture. Mais, peut-on avoir la prétention de répondre à ce défi, à la seule échelle d’une ville et d’une métropole? Evidemment non.
Bien des questions relatives à la culture appellent des réponses nationales, parfois européennes. C’est au niveau national par exemple que s’est livré le combat pour pérenniser le statut des intermittents, ce statut qui est un outil indispensable à la vitalité du secteur culturel. Un statut indispensable également pour celles et ceux qui font vivre la culture, pour qu’ils ne soient pas condamnés sans cesse à la précarité. Je me réjouis de ce résultat. Il s’inspire largement de propositions justes et économes faites depuis longtemps par les acteurs de la culture. Et enfin, il faut réinjecter la culture dans le projet européen comme dans le récit national, pour leur donner souffle et sens.
A Nantes, je suis convaincue, que nous pouvons tracer ensemble notre propre chemin. Dans un monde en transition, face aux défis d’une ampleur sans précédent, nous pouvons inventer notre destin. En nous appuyant sur nos forces et en faisant mouvement. C’est le sens de mon engagement et de mon ambition.
Notre créativité, notre capacité à expérimenter, à innover, notre agilité aussi, nous permettent d’inventer ces réponses nouvelles. La part des artistes dans ce mouvement est déterminante. Bien sûr, nous avons besoin en premier lieu du talents des artistes, des créateurs. De celles et ceux qui les accompagnent et qui font un travail formidable, que je veux saluer. Oui, la culture c’est vous qui la faites par vos talents et votre engagement.
Alors si nous vous devons la réussite culturelle nantaise, vous êtes aussi une part de l’avenir qui se dessine. C’est cela que je suis venue réaffirmer devant vous aujourd’hui, en tant que Maire. Cette conviction que je porte inlassablement: l’importance de la culture, l’importance des artistes, des créateurs, de toutes celles et tous ceux qui font vivre la culture.
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Les artistes sont des guetteurs d’avenir auxquels nous devons garantir les espaces de liberté. Ils sont des défricheurs. Nous devons leur donner les moyens de créer.
Oui la liberté.
C’est elle qui permet à la culture de déranger, de bousculer, d’interpeller, comme le font souvent par exemple les oeuvres présentées ici au Lieu Unique. Je sais Cher Patrick combien tu y es attaché. Je pense, en ce moment même, à l’exposition Léviathan et ses fantômes, par exemple. Pour que l’art et la culture jouent pleinement ce rôle émancipateur, il faut accepter, il faut souhaiter même qu’ils ne soient pas toujours consensuels. L’art a un devoir: nous questionner, nous surprendre et même parfois nous heurter.
Je refuse et refuserai toujours toute vision étriquée de la culture. Ces politiques ou ces tenants de la bien-pensance qui disent ce qui est beau, ce qui est bon. Cela traduit, cela trahit devrais-je dire, une totale incompréhension de la force, de la singularité de l’art. Non, la liberté n’est pas un acquis. Nous devons sans cesse être vigilants! C’est bien elle qui est en jeu quand, par exemple, une collectivité refuse sa subvention à Cinépride.
C’est elle aussi qui est en jeu lorsque l’extrêmisme politique promeut une identité frileuse et fermée. Une identité qui enferme et appauvrit au lieu d’enrichir par la rencontre et l’échange avec l’autre.
Et puis, n’oublions pas le danger des fanatismes. Fanatismes dont nous avons vu de quel monde morne et triste ils rêvent, quand les obscurantistes ont détruit Palmyre ou qu’ils ont interdit la musique et la danse.
Oui, la culture nous protège de ces dérives à condition que nous sachions nous-même protéger la liberté des artistes.
A Nantes, terre d’ouverture et de tolérance, nous sommes bien décidés à ce que la culture soit un antidote à ce poison de haine et de repli sur soi. Nous sommes bien décidés à ce que la culture, par sa diversité, son renouvellement permanent, son effervescence, symbolise une identité plurielle et ouverte. Vous me trouverez toujours à vos cotés pour ce combat pour la liberté, pour votre liberté.
C’est à cette condition que peut s’épanouir le talent de l’artiste défricheur. C’est à cette condition que peut se déployer cette puissance créative, qui est une singularité de la culture à Nantes. Et cela fait partie de mon engagement, avec mon équipe, avec David Martineau, avec tous les élus qui m’accompagnent, de la soutenir d’abord avec des actions concrètes.
Je peux évoquer la Maison Fumetti, que nous venons d’inaugurer au sein de la Bibliothèque de la Manufacture rénovée. Le festival Atlantide que nous avons conforté, ce qui lui a permis de prendre sa véritable dimension. Il y a aussi le Théâtre Universitaire. Je sais qu’il a fait l’objet d’une grande attente. Grâce aux décisions que nous avons prises avec l’Université, avec l’Etat, il est renforcé. Il sera à la fois une ressource pour les compagnies de théâtre et de danse et une structure très originale de création, de formation et de diffusion. Et puis, nous aidons au surgissement d’expressions nouvelles, de talents nouveaux, de cette nouvelle génération qui, elle aussi, veut trouver son espace à Nantes. Ce n’est pas un hasard si dès le début de ce mandat, nous avons été membres fondateurs du Groupement d’Intérêt Public qui soutient l’emploi dans les cafés cultures. Et c’est le même état d’esprit qui m’anime quand je demande à Jean Blaise d’ouvrir de nouveaux espaces pour les artistes nantais. C’est ainsi que l’édition 2016 du VAN a accueilli 2/3 de moins de 40 ans, dont de nombreux Nantais, parmi ses nouveaux créateurs.
Et je veux vous annoncer aujourd’hui, dans cette rencontre, 4 nouveaux projets, que nous allons engager pour soutenir encore davantage cette capacité créatrice.
D’abord, une trentaine d’ateliers d’artistes seront créés en 2017, boulevard de la Prairie aux Ducs et sur le site de Félix Thomas. C’était un engagement du programme de 2014, il est tenu. Et nous irons plus loin, dans les années à venir. D’ores et déjà, j’ai décidé d’engager une réflexion sur le site de l’ancienne caserne Mellinet.
Deuxième projet : le Studio Théâtre va entamer une nouvelle vie. Il permettra des temps de diffusion en série, des résidences et offrira dorénavant aux jeunes compagnies un accompagnement à la structuration.
J’ai en mémoire les échanges durant la préparation du projet municipal. Celles et ceux qui me disaient à quel point il était parfois difficile de trouver des lieux pour les projets artistiques en dernière phase de création. Celles et ceux qui m’ont dit : où sont les espaces de respiration, de renouvellement de la création offerts à ceux qui feront aussi la culture de demain. C’est pourquoi j’ai décidé, c’est le troisième projet que je souhaite vous annoncer aujourd’hui, la création de Libre Usine. Un projet que j’ai fait inscrire au Contrat de plan Etat-Région. Initié par la Scéne Nationale du Lieu Unique, et son directeur Patrick Gyger, il verra le jour en 2020. Ce sera un nouveau lieu de production et de création pour le spectacle vivant.
Je vous confirme notre soutien à la création en 2018 d’un festival de danse auquel travaillent actuellement de nombreux partenaires. Il fait suite au diagnostic danse. Ce festival est un symbole de notre manière de faire, en accompagnant les acteurs, leurs initiatives.
Oui, à Nantes, j’ai fait le choix de soutenir la culture, concrètement, matériellement. Oui, ce soutien à la culture, il est essentiel. Et je réaffirme ici ma volonté de continuer à agir en ce sens. La culture ne peut pas être sacrifiée, en attendant des jours meilleurs.
Evidemment nous sommes dans un contexte financier particulier. Nantes et la Métropole perdent 75 millions d’Euros de concours de l’Etat. Ma responsabilité de Maire de Nantes c’est de faire le choix de la sobriété financière. Je le revendique. Mais la sobriété ce n’est pas renoncer à porter ses convictions, au contraire. C’est faire encore plus de choix, parce que la culture n’est ni superflue, ni secondaire. C’est pour cela que je vous annonce aujourd’hui que le budget de la culture sera sanctuarisé à partir de maintenant et jusqu’à la fin du mandat. C’est un réel effort collectif. Et c’est un vrai choix politique.
Est-ce pour autant le signe que rien ne va changer? Que tout sera reconduit à l’identique, chaque année comme un guichet qui se renouvelle à perpétuité? Non bien sûr. Vos projets évoluent, vous avez de nouvelles propositions. Il faut nous donner les moyens collectivement d’accompagner ce mouvement, de bouger les lignes.
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Alors, je viens d’évoquer deux conditions pour que la culture joue tout son rôle dans la construction collective de notre avenir: la liberté d’un côté et les moyens de la création de l’autre. Il y en a une troisième. Elle est au coeur de mon engagement, de l’action que je mène ici à Nantes : l’accès de toutes et tous à la culture. Nous devons sans cesse oeuvrer à la démocratisation culturelle. Ce combat n’est pas dépassé. C’est un combat essentiel qui a tant à voir avec nos valeurs fondamentales, avec cette belle et grande valeur, l’égalité. L’égalité, il ne suffit pas de la proclamer tous les jours ou de l’inscrire aux frontons de nos écoles. Il faut la rendre concrète pour chacune et chacun, dans sa vie de tous les jours. C’est ce que j’appelle l’égalité réelle.
Je sais que cette ambition de l’accès de chacune et chacun à la culture ravive parfois une vieille crainte : la démocratisation culturelle pourrait marquer un renoncement à l’exigence culturelle. En sincérité, je ne crois pas à cette opposition.
Au contraire, exigence et démocratisation se complètent, se renforcent. Bien sûr, la création porte une valeur en elle-même, intrinsèque. La création, vous le savez, c’est un acte à nul autre pareil, un acte qui fait que le monde change, même si c’est de manière infime, subtile et sensible.
Mais c’est par le partage aussi que la création acquiert une force supplémentaire qui lui donne sens. « Ce qui fait oeuvre, ce n’est pas la pièce en soi, c’est le tissu de relations qu’elle construit« , dit fort justement le chorégraphe Rachid Ouramdane. Et je crois que pour mener cette bataille efficacement, il nous faut changer de paradigme. Renouveler notre logiciel de pensée sur ce sujet comme sur bien d’autres. Jusqu’ici, nous nous sommes demandé comment amener les publics dans les lieux de culture. C’est un beau combat, dont il faut être collectivement fiers. Je veux saluer tous les acteurs culturels qui s’y impliquent, ici, à Nantes. Grâce à eux, grâce aussi à la volonté politique qui les accompagne, nous sommes un territoire en avance sur ce sujet. Il faut continuer. Nous allons continuer, avec vous, à vos côtés.
Mais, on le voit bien, on doit sans doute aujourd’hui aller plus loin ou peut-être parfois faire différemment. Trop de gens disent encore que la culture, ce n’est pas pour eux, qu’ils ne sentent pas concernés. La reproduction des inégalités sociales et culturelles pése encore trop souvent. Et bien moi, je ne m’y résouds pas. C’est pour cela que je veux que les lieux culturels se transforment, mais aussi qu’ils sortent des murs pour aller rencontrer, pour aller surprendre les citoyennes et les citoyens, là où ils sont, dans l’espace public, dans les équipements publics. Pour que l’art et la culture fassent de la ville le lieu de toutes les complicités artistiques et de l’échange. Pour qu’ils suscitent de nouveaux enthousiasmes, qu’ils renouent en somme avec la fonction première de la cité comme lieu par excellence de l’exercice démocratique. C’est cela, «l’art et l’espace public», c’est cela, le fil rouge, que je veux que nous suivions ensemble. Le défi que nous avons à relever collectivement, c’est de ne pas céder le moindre millimètre sur l’exigence artistique et culturelle et dans le même temps, de renouveler nos modes de faire, pour aller encore plus au devant des citoyennes et des citoyens.
Et pour que chacune et chacun s’empare de la culture, j’ai une seconde conviction, nous devons investir dans notre jeunesse. On se forge en effet, au cours de cette période de la vie, une sensibilité qui influera sur le cours entier de notre existence. A titre personnel, je sais par exemple tout ce que je dois à l’apprentissage du piano auprès d’une enseignante remarquable et passionnée, Linda Indart.
Les élèves nantais bénéficient d’ores et déjà d’une offre riche. Il faut encore l’améliorer, la rendre plus proche des besoins et des envies des enfants. C’est le sens de la politique d’éducation artistique et culturelle que nous menons. C’est le sens de l’action menée dans les quartiers politique de la ville. Ainsi, lors des dernières vacances de Pâques, un nouvel événement, en partenariat avec le Festival « Petits et grands », s’est tenu au Château des Ducs de Bretagne.
L’accès à la culture,enfin, il passe par la lecture. Parce que la lecture « jette sur la vie une lumière« , pour reprendre la jolie formule d’Aragon. Mais aussi parce que sans l’écrit, les chemins aux autres formes de culture sont bien souvent fermés. Alors, la lecture pour tous ici, à Nantes, c’est une priorité, qu’avec Aymeric Seassau, nous faisons vivre au quotidien. Avec un service public d’accès à la lecture qui maille la ville, 4 médiathèques, 4 bibliothèques de quartier, 2 bibliothèques associées. Et mon refus intraitable de toucher le moindre pan de cette politique.
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Avec ces décisions, ces actions concrètes, ces fondamentaux que nous partageons, nous pouvons ensemble faire vivre cette ambition d’avenir pour la culture à Nantes.
Une ambition qui fait de la culture un levier d’attractivité et de rayonnement tout en assurant l’irrigation de notre ville en proximité.
Une ambition qui met l’innovation au coeur du mouvement.
Oui, la culture contribue au rayonnement de notre ville et de notre métropole. J’en ai cité de nombreux exemples, je pourrais rajouter l’Opéra, la Folle Journée, nos festivals de cinéma. C’est pour cela que j’ai souhaité que la métropole devienne un acteur à part entière, portant de grands équipements culturels. Pour un égal accès de tous les habitants à ces équipements, aux mêmes tarifs. Mais aussi bien sûr pour renforcer encore notre capacité à rayonner. Je rencontre trop souvent des artistes nantais qui me disent qu’il est plus facile de se produire à l’extérieur qu’à Nantes. Alors je veux que nous les aidions à se produire dans notre ville et puis bien sûr aussi permettre à la scène nantaise de s’exporter en France et dans le monde.
Cette excellence dans le rayonnement national et international, je ne l’oppose pas à l’excellence en proximité. Ainsi le musée d’art qui ouvrira ses porte en 2017, incarnera parmi d’autres cette volonté. Ce Musée combinera en effet une exigence artistique sans faille et le souci d’être accessible à toutes et tous grâce à une manière extrêmement ouverte et innovante de le faire vivre. C’est la mission que j’ai confiée à Sophie Lévy et à son équipe. Et puis, bien sûr, le Musée valorisera la création locale. C’est cela, pour moi, le musée du XXIème siècle. Alors, rendez-vous pour sa réouverture. Ce sera un temps très fort et un bel événement.
L’excellence en proximité, c’est aussi par exemple l’oeuvre d’Aurélien Bory, Boulevard Leon Bureau, illustration de l’art qui transforme la ville, qui touche les Nantais dans leur quotidien. Elle s’inscrit aussi dans cette dynamique du Voyage à Nantes qui fait de la culture et de son foisonnement un levier du développement économique et donc de l’emploi.
L’excellence en proximité, elle est partout, dans tous les quartiers. Les exemples sont nombreux. Les Scènes vagabondes. Aux Heures d’été. Les Brigades de lecture. La tournée des Batignolles dans le cadre des RDV de l’Erdre. Je n’en finirais pas de multiplier les exemples.
Pour que la culture apporte à chacune et chacun des émotions inédites, il faut qu’elle explore sans cesse ces nouveaux chemins. C’est pour cela que l’innovation traverse toutes nos politiques culturelles. Nous devons accepter de nous interroger, de nous remettre en cause. Nous n’avons pas toutes les réponses. C’est aussi de cela que je veux que nous puissions débattre ce matin et cet après-midi.
C’est pour cela que nous favorisons les projets originaux, les croisement féconds comme ceux des arts, des sciences et des techniques. Nous venons ainsi d’accueillir la Maker Faire qui a rencontré un réel succès.
L’innovation, c’est aussi savoir s’adapter aux attentes nouvelles d’un public dont les pratiques ont profondément évolué. Vous le savez, vous y répondez. Je pense par exemple à la nuit des galeries, une belle initiative pour faire connaître, sur un temps différent, les oeuvres de plasticiens de grand talent. Nous, service public, grâce à l’engagement des agents, nous le faisons également. Nous travaillons par exemple, en matière de lecture publique, à mieux intégrer les attentes des habitants dans l’évolution des services offerts. Quelle est la bibliothèque de demain?
L’innovation, c’est aussi le numérique. Il fait naître de nouvelles possibilités, de nouveaux usages, qui sont en pleine expansion. Scopitone, par exemple, nous montre la richesse et l’effervescence des musiques électroniques et des arts numériques. Le numérique, c’est donc, à coup sûr, une chance et un atout pour la culture à Nantes. Mais c’est un moyen, jamais une fin. Le numérique doit nous permettre de toucher de nouveaux publics. C’est un instrument remarquable pour faire appel à la contribution citoyenne comme le montrera le Wikipatrimoine que nous lancerons début 2018. Ce wikipatrimoine qui permettra de mieux faire vivre et connaître les grands monuments emblématiques, mais aussi le patrimoine de proximité dans tous les quartiers qui font leur charme et leur identité. Il y a un risque de standardisation, d’uniformisation des métropoles. Je le refuse pour Nantes qui doit cultiver sa singularité. J’y suis particulièrement attachée et avec Olivier Chateau, nous sommes engagés sur cette question.
Et l’innovation, c’est enfin l’exploration de nouvelles voies, de nouveaux croisements. Par exemple, le Pôle métropolitain de la culture scientifique, technique et industrielle qui va tenir sa première conférence dans quelques jours. Elle associera les structures culturelles, le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche, les Pôles de compétivité et les acteurs associatifs. Car c’est cela, au fond, la culture, tester les échanges et les mélanges.
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Alors oui nous avons plus que jamais besoin de culture, ici, à Nantes. Plus que jamais elle est une de nos forces. J’ai confiance dans la capacité des acteurs de la culture à saisir les formidables opportunités qui s’ouvrent. J’ai confiance en vous, en votre enthousiasme, votre talent, votre esprit critique, votre exigence. Et vous pouvez compter sur mon engagement.
C’est une grande responsabilité collective. Mais une belle perspective. Un chemin nouveau à parcourir avec vous, grâce à vous. Cette ambition pour une culture vivante, bouillonnante, libre et créative. Une culture en prise avec le monde. Une culture qui embellit la vie comme elle embellit la ville. Une culture pour tous et pour chacun. Oui, Nantes la creative, Nantes l’innovante c’est d’abord Nantes qui vibre avec la culture. Alors, ensemble, réussissons ce formidable pari : faire que la culture, le bien peut-être le plus précieux, s’offre à chacune et chacun.
C’est de tout cela dont nous allons continuer à débattre aujourd’hui, dans nos échanges de ce matin et dans les ateliers, cet après-midi. Car bien sûr, notre rencontre d’aujourd’hui, elle n’est pas, permettez-moi cette expression, un one-shot. Elle est d’abord un temps de travail, qui va se prolonger. Cet après-midi, dans chaque atelier, vous désignerez des rapporteurs qui feront retour des réflexions et des conclusions de ces ateliers. Ces rapporteurs présenteront aussi cette synthèse des travaux aux élus en charge de la culture. Et puis, sur cette base, les élus apporteront des réponses et des propositions, au printemps prochain, pour que, collectivement, nous puissions continuer à avancer, à expérimenter.
Car c’est comme cela, ici, à Nantes, au delà des mots, par les preuves, que nous avançons.
C’est chez moi une conviction essentielle, qui dépasse le champ culturel. Mettre en accord les paroles et les actes. Incarner concrètement les valeurs que nous portons dans le quotidien.
C’est absolument déterminant dans le moment critique que traverse notre pays. Populismes, extrêmismes, radicalités interrogent nos valeurs, notre modèle républicain. Elue locale, élue de terrain, je sens dans notre pays le doute grandir chez nos concitoyens sur la parole politique, sur sa capacité à agir. Un écart qui se creuse entre le discours et la réalité vécue. Il nous faut le combler. C’est cela qu’avec Nathalie Appérée, j’ai appelé la République du réel. C’est cela que je mets en oeuvre ici, à Nantes, chaque jour: faire en sorte que les valeurs de la République résonnent plus concrètement dans la vie de chacun.
Parce que la culture souffle la fraternité, parce que la culture se nourrit de liberté, parce que la culture est inséparable de l’égalité, alors oui, bien sûr, la culture a une place, une place essentielle, dans ce beau combat!