Cérémonie annuelle de la Convention des Maires
Jeudi 15 octobre 2015
dans l’Hémicycle du Parlement Européen
Monsieur le Commissaire à l’énergie et à l’action pour le climat (Miguel CANETE),
Mesdames et Messieurs les élus, chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie tout d’abord la Commission européenne de cette invitation à m’exprimer devant vous, ce que je fais en tant que Maire de Nantes bien sûr, mais surtout en tant que Présidente d’eurocities, réseau qui regroupe 130 métropoles dans 34 pays différent.
C’est aujourd’hui le lancement de la nouvelle convention des Maires pour le climat et l’énergie. Elle fait suite et renforce l’ambition de la Convention lancée en 2008 et à laquelle plus de 6000 villes ont adhéré. Ce succès illustre l’engagement de nos villes, notre volonté de collaborer de manière étroite, en nous donnant les moyens de nous inspirer les uns des autres, pour être plus efficaces. Cette nouvelle convention, cette mobilisation des villes d’Europe nous donnent confiance pour relever le défi du changement climatique, pour aller plus loin avec détermination, avec audace.
L’urgence nous impose d’agir, rapidement et efficacement, en prenant des mesures très concrètes qui changent les choses.
Nul ne conteste plus en effet l’ampleur et la gravité du phénomène. Le rapport du GIEC de novembre 2014 était clair, soulignant qu’il restait très peu de temps pour contenir la hausse des températures sous la barre des 2 degrés.
Il ne s’agit pas là de chiffres abstraits. Le réchauffement climatique a des conséquences tangibles. Les exemples sont nombreux.
Ils touchent notre quotidien, avec la multiplication des phénomènes extrêmes, comme tout récemment, dans le sud de la France. Et dans de nombreux pays, plus vulnérables encore que nos Etats européens, on voit des phénomènes de grande ampleur se manifester. La montée des océans menace des populations entières. Pour d’autres, la question de l’eau, c’est celle de sa rareté. Tout ceci ne peut être sans conséquence sur les femmes et les hommes qui vivent dans ces territoires et sur l’équilibre de notre monde. Pour certains, il faudra partir, dans des conditions dramatiques, nourrissant, si nous ne faisons rien, le flot des réfugiés climatiques.
Cette réponse à l’urgence climatique, nous pouvons aussi la transformer en une opportunité, en en faisant un levier de développement économique pour la création d’emplois, pour l’émergence d’un nouveau modèle de société. Car la transition écologique doit aussi nous conduire à réfléchir à un changement de paradigme à tous les niveaux. C’est sûrement le moment, par exemple, de réfléchir à l’élaboration d’une législation européenne qui rende économiquement intéressante la transition énergétique, par un vrai système de prix du carbone, avec toujours cette exigence : que la transition énergétique ne soit jamais source de nouvelles fractures.
Alors, il y a urgence à agir et nous sommes dans un moment stratégique, à moins de deux mois de la Conférence de Paris pour le Climat, la COP 21, qu’il nous faut impérativement réussir, de manière collective, par la mobilisation de tous les acteurs.
Et parmi ceux-ci, les grandes villes, les Métropoles, ont un rôle particulier à jouer. Elles ont le devoir d’être ambitieuses, audacieuses. Et elles le peuvent. Je suis en effet convaincue que les villes, les métropoles, sont des territoires de solutions. Il y a dans nos territoires une capacité créatrice, une profonde envie d’innovation. Notre rôle est d’être à la fois un révélateur des talents, un catalyseur des projets et des énergies dans une dynamique collective, d’être en quelques sortes des accélérateurs du changement.
S’appuyer sur le savoir-faire des métropoles et les associer dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de l’Union européenne en faveur du développement durable, c’est une illustration concrète et nécessaire de l’Agenda urbain.
J’en appelle à cette mobilisation des villes non seulement pour elles, mais pour l’ensemble des territoires. Elles ont un effet d’entrainement pour tous, une capacité à ouvrir des perspectives. Elles jouent avec les régions d’Europe et en synergie avec elles un rôle fondamental. Mais ce rôle moteur n’a de sens et d’efficacité que s’il est partagé avec l’ensemble des territoires et avec toutes les villes, quelle que soit leur taille. C’est ce que j’appelle l’alliance des territoires, cette capacité à faire ensemble et à ce que l’action engagée bénéficie à tous.
De fait, les Métropoles européennes ont déjà pris des initiatives résolues.
Ainsi, par exemple, dans la déclaration finale du Sommet mondial Climat et Territoires, qui s’est tenu à Lyon en juillet dernier, les villes participantes se sont engagées à poursuivre et renforcer leur action. Elles se réuniront à nouveau à Paris lors de la COP 21, avec beaucoup d’autres, pour renouveler leur engagement et faire des propositions.
Et naturellement, EUROCITIES s’est engagé et a adopté au mois de juin dernier une déclaration soutenant l’objectif européen de réduction d’au moins 40 % des gaz à effet de serre pour 2030. Cette déclaration rappelle bien sûr l’importance de l’échelon local et se prononce en faveur d’une action intégrée pour le climat. Elle encourage les négociateurs à faciliter l’accès aux mécanismes de soutien internationaux tels que le Fond vert pour le climat. Nous y demandons aussi un soutien massif à l’innovation, pour plus de solutions vertes et sobres en carbone. Nous y sollicitions la création de cadres réglementaires et fiscaux stables qui suppriment les subventions défavorables, et encouragent d’abord une baisse à grande échelle des émissions de gaz à effet de serre.
A Nantes, bien sûr, Capitale Verte de l’Europe 2013, nous agissons avec détermination. Ainsi, nous nous sommes engagés à réduire de 50 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Cette action, nous la menons collectivement, avec les acteurs de terrain. Nous les impliquons en agissant sur trois leviers : la proximité, la pédagogie et l’accompagnement. Dans cet esprit, j’ai décidé d’accueillir à Nantes, à la rentrée 2016, avant la COP22 de Marrakech, le premier sommet mondial de l’action climatique. Il donnera la parole à tous les acteurs, aux ONG, aux associations, mais aussi aux entreprises, pour évaluer les premiers résultats des accords de Paris, autour d’un maître mot : agir et agir ensemble. Je vous invite d’ores et déjà à y venir.
L’objet de notre rencontre d’aujourd’hui est naturellement un moment fort de cette action des villes en faveur de la lutte contre le changement climatique. La nouvelle Convention des maires pour le climat et l’énergie traduit à l’échelon local les engagements pris au niveau européen pour 2030 en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’atténuation et l’adaptation, c’est-à-dire à la fois lutter contre le changement climatique mais aussi réduire la vulnérabilité de leur territoire à ce changement. Et puis, elle élargit les échanges de bonnes pratiques au-delà des frontières européennes, dans l’esprit de la Conférence internationale pour le climat. En un mot, elle confirme le positionnement des villes européennes à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique. C’est pourquoi j’invite toutes les collectivités à s’engager dans cette démarche et à adhérer à cette convention, comme le fera Nantes.
Je veux saluer le travail qui a précédé à son élaboration. Je sais que la Commission a sollicité de nombreux réseaux européens, je pense bien sûr à Eurocities, mais je sais aussi que Climate Alliance, Energy Cities, ou encore le CCRE, dans lesquels Nantes est présente, ont fait des propositions. Que chacun en soit remercié. Cette gouvernance partagée, ce travail collectif, sont une marque de la reconnaissance du rôle des villes.
Cette nouvelle Convention revêt un sens très fort. Demander aux élus de se prononcer en faveur d’engagements climatiques renouvelés, c’est rappeler l’urgence et l’importance de cette question. Fixer des objectifs élevés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est marquer une ambition forte. S’adapter au changement climatique, c’est faire preuve de réalisme. Ouvrir cette initiative aux autorités locales du monde entier, c’est soutenir un indispensable esprit de solidarité internationale.
Cette Convention peut et doit inspirer les Etats. Les villes et leurs citoyens agissent, inventent, innovent, s’engagent. C’est maintenant aux Etats de prendre toutes leurs responsabilités, et de rejoindre les villes et les régions ! La COP 21 est cruciale, les attentes sont considérables, les Etats ne peuvent les décevoir.