Réunion des Maires Européens
Jeudi 26 mars 2015 – Mairie de Paris
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Commissaire européen,
Chère Anne, cher(es) collègues,
Je suis heureuse d’être à vos côtés et je te remercie, Anne, de cette invitation. Je suis, comme vous tous ici, personnellement convaincue que la transition énergétique constitue, avec la révolution numérique, l’un des deux grands défis du siècle auquel les élus, les institutions, les villes et les citoyens devront répondre.
La lutte contre le réchauffement climatique est à la fois une impérieuse obligation, au-delà des seules questions environnementales, et une formidable opportunité d’innovation, de progrès technologique et industriel, d’emplois, de nouveaux modèles économiques.
Il nous faut être plus ambitieux et voir loin. J’ai fixé pour le prochain Plan Climat des objectifs d’une ambition jamais atteinte pour Nantes : -30% d’émission de gaz à effet de serre dès 2020 et -50% en 2030, le facteur 4 en 2050, mais aussi, par exemple, 50% des logements sociaux chauffés aux énergies renouvelables, 10 000 logements connectés aux réseaux de chaleur. Rien qu’avec les réseaux de chaleur, c’est 80 000 tonnes de CO2 économisées d’ici 2020. Ce sont des exemples de notre engagement pour que la transition écologique soit au service et au bénéfice de tous et ne crée pas de nouvelles inégalités. Je suis convaincue qu’elle doit être porteuse d’une plus grande solidarité.
Au-delà, l’action nantaise passe aussi par des actions du quotidien en direction des citoyens, comme l’appel à projets « territoire zéro déchet, zéro gaspillage » qui vise à favoriser le recyclage, ou le défi « familles à énergie positive », qui est en quelque sorte un concours d’économie d’énergie réalisée par une famille pendant 1 an. Le rôle de la métropole, c’est de fédérer tous les acteurs locaux, de mobiliser toutes les énergies, et en premier lieu les citoyens, pour construire des actions concrètes en faveur de la transition.
Nantes agit en faveur de l’action pour le climat avec constance depuis les années 2000, et je crois avec une reconnaissance particulière à l’échelle internationale, puisque elle a été désignée en 2013 Capitale verte européenne. C’est à Nantes également qu’a été signée en 2013, lors du sommet mondial des Maires sur le changement climatique, la feuille de route vers la COP21 des Gouvernements locaux auprès des négociateurs internationaux.
Car c’est bien la somme des actions locales qui fera le changement. J’ai l’honneur de présider depuis quelques mois Eurocities, qui regroupe 130 métropoles dans 35 pays, et 130 millions de citoyens européens. Nantes, avec ses collègues, ont fait du climat l’un des 3 axes prioritaires de son mandat à la tête du réseau. Je réunirai en juin prochain son Exécutif pour rendre publics les engagements de ce réseau avant la COP21.
Mais au-delà, cette dynamique européenne dont nous montrons la preuve aujourd’hui, doit également s’inscrire dans une solidarité mondiale. C’est ce que Nantes porte en tant que porte parole mondial pour le climat de CGLU, par la voix de Ronan Dantec, dont je salue l’action.
Il ne s’agit pas de seulement renvoyer la balle et la responsabilité aux Etats. Il s’agit aussi nous-mêmes, collectivités, de prendre et tenir nos engagements. Cette réunion à Paris, avec la déclaration qui nous est proposée, permet une étape supplémentaire dans l’engagement des collectivités pour une action concrète en faveur du climat. Nous faisons ensemble un pas de plus en avant, pour une meilleure coordination de nos investissements publics pour faire émerger des filières d’envergure européenne sobres en carbone. Je m’en réjouis.
Nantes a déjà une certaine expérience des achats mutualisés à travers le Réseau Grand Ouest, qui regroupe 100 collectivités. Nantes Métropole est également coordonnatrice d’un groupement de commandes pour l’achat d’électricité renouvelable, avec les 24 communes qui la composent et différents organismes. Nous pourrons mettre en partage ces expériences et leurs résultats. Cet échange sur nos pratiques est primordial.
[Parmi les axes de notre déclaration d’aujourd’hui, un sujet particulier pourrait nécessiter une réflexion complémentaire, celui de l’innovation technologique. La directive européenne de février 2014 a créé la procédure du « partenariat d’innovation », qui permet le financement de la R&D puis le déploiement de nouvelles technologies propres. Les modalités de ce partenariat pourraient être étudiées entre nous. De la même manière, pour développer l’économie circulaire, une réflexion spécifique pourrait être menée pour la prise en compte dans nos marchés publics du cycle de vie global des produits]
Chers amis, vous le voyez, Nantes souhaite s’inscrire dans cette dynamique à vos côtés. Notre maître mot doit être l’action. Mais je suis également convaincue de la nécessité de l’évaluation. Je souhaite que Nantes accueille à l’automne 2016 un « sommet mondial de l’action climatique », qui réunira les acteurs non institutionnels (territoires, ONG, réseaux, associations, société civile…) pour tirer le bilan des solutions proposées pour la COP21 et évaluer ses premiers résultats. Je vous y invite. Nous partageons tous l’ambition que nos engagements ne restent pas lettres d’intentions.